Paul Lasnier, François Cheminel, Robert Gougeon, Auguste Leduc, René Pelé, Gilbert Zoccolini
Combattants et victimes du maquis de Lignières-la-Doucelle (Mayenne) .
Communication de Daniel Heudré, J-P Louvet.
Communication de Daniel Heudré, J-P Louvet.
Juin 1944, les Américains
débarquent sur les côtes normandes. Très vite des maquis se constituent en
Ille-et-Vilaine et en Mayenne dans le but de stopper la remontée des troupes
allemandes. Les résistants redoublent d’énergie et se retrouvent mêlés dans ce
qui peut apparaître comme l’ultime combat.
Vieux-Vy-sur-Couesnon, Saint-Marc-sur-Couesnon sont des lieux mémorables dans le pays de Fougères. En Mayenne, Lignières-la-Doucelle, connue de nos jours sous le nom de Lignières-Orgères mélange des patriotes de la Mayenne, de l’Orne et du pays de Fougères. Sans doute insuffisamment connu, le maquis est le lieu d’exécution de six de nos résistants fougerais. L’histoire et le souvenir ne peuvent oublier ces noms, ils méritent même un pèlerinage sur les lieux de la bataille, du sinistre de la commune « petit Oradour-sur-Glane » et du peloton d’exécution. Lignières se trouve à 92 kms de Fougères et est facilement joignable en une heure trente par la nationale.
Paul Lasnier, François Cheminel Robert Gougeon,
Auguste Leduc, René Pelé, Gilbert Zoccolini
Combattants et victimes du maquis de
Lignières-la-Doucelle (Mayenne)
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Des résistants de Fougères sont tombés sous le
feu des fusils allemands, au terme d’une confrontation armée, d’une lutte
mortelle entre maquisards, installés dans une ferme, à proximité de bois, en
Mayenne et contingents allemands, très vite renforcés d’effectifs
acheminés sur les lieux.
L’Ille-et-Vilaine comporte peu de maquis; les plus
importants sont Broualan, situé au nord du département,
celui de Vieux-Vy-sur Couesnon et celui de Saint-Marc-sur-Couesnon,
tous les deux à proximité de Fougères. Leurs effectifs progressent beaucoup
à partir du 6 juin 1944. Le débarquement sur les côtes normandes
libère les énergies. Aussi n’est-il pas étonnant que le maquis de Lignières
comporte au moins une quarantaine de personnes, à la date des affrontements
du 13 juin 1944.
Une journée cauchemardesque
Quelques jours seulement après le débarquement,
cette journée interminable, cauchemardesque et ce lieu reculé honorent la
Résistance, composée de patriotes d’Ille-et-Vilaine, de l’Orne, de la Manche
et des gens du pays. Tous contribuent à la libération du territoire qui
s’effectue d’une manière graduelle et souvent héroïque. Louis Pétri,
commandant interrégional des FTPF (Francs- Tireurs et Partisans français),
Viel, dit « Maxime », chef de l’AS (Armée secrète), de La
Ferté-Macé sont à la tête de ce rassemblement. Rave, instituteur à la
Baroche, a prévu l’organisation de ce maquis, en relation avec d’autres
maquis de la Mayenne, notamment Fougerolles-du-Plessis, la Baroche-Gondoin,
Saint-Mars-du-Désert. Des hommes expérimentés, des chefs aguerris et aussi beaucoup
de matériel entreposé à la Gérarderie, nom du village où se situe la ferme,
exploitée par Gustave Bobot, un résistant du pays. L’armement est
déposé en grande partie chez Gautier à la Baroche-Gondoin.
Le but est très clair : ralentir la progression
des convois allemands en marche vers le front de Normandie. L’attaque et la
destruction des matériels allemands sont capitales, aux yeux de ces
maquisards qui n’ont qu’un seul objectif, la libération du territoire
français.
La chronologie est resserrée sur une journée
où chaque épisode a une énorme importance. D’abord, l’annonce de la
présence d’un camion allemand en panne, rempli de treize allemands, encourage
les maquisards à se lancer à l’attaque. Des résistants du groupe FTPF
commandés par Pétri attaque le camion de la Wehrmacht, au lieu -dit
« Le Fougeray ».
Le résultat est mitigé, certes cinq Allemands sont
tués et trois sont faits prisonniers. Mais les groupes d’assaut, au nombre de
deux, manquent de coordination. Le résultat est que deux résistants fougerais
sont blessés grièvement : Paul Lasnier et René Pelé (Biographie).
Seconde étape : les Allemands envoient des
renforts, une heure après, des passagers du camion ayant réussi à
prendre la fuite et à donner l’alerte.
Paul Lasnier de Fougères est arrêté au domicile
d’André Catois, fils du maire de Lignières, à la ferme de la Cornière. Le
responsable de l’AS est aussi intercepté à la mairie de la commune. Deux
résistants d’envergure aux mains des Allemands.
Troisième étape : L’alerte donnée, les
Allemands envahissent Lignières et déploient leurs troupes, sans doute au
nombre de 200 soldats. Daniel Desmeulles,
responsable de l’A.S. de l’Orne, est arrêté, torturé et déporté vers
Buchenwald, puis Bergen-Belsen. Paul Lasnier est fusillé dans la soirée,
c’est la première victime du pays de Fougères.
Louis Pétri, le commandant du maquis
Quatrième étape : les troupes ennemies
investissent Lignières et encerclent le maquis. Alain Le Gac, né à
Pleurtuit, âgé de 21 ans, est chargé d’assurer le guet et de défendre la
ferme. Avec l’appoint des miliciens, les Allemands sont supérieurs en nombre
et en armes. Le combat est inégal et terrible. Des maquisards
réussissent à rejoindre la forêt, d’autres restent sur place et réfugiés dans
le grenier de la ferme, vont tenir en échec, pour un temps, les Allemands.
Parmi ceux-ci, se trouve Louis Pétri. La ferme est incendiée. Trois
maquisards prennent la fuite : Louis Pétri, Roland et un domestique. Le
commandant Pétri confie, dans ses Confidences, qu’ils furent les seuls
survivants de cette journée horrible.
Des camarades de combat de Pétri moururent dans
cette journée, vers 23 heures : cinq résistants :
Gustave Bobot: Le propriétaire de la ferme, Eugène Bobot, né le 5
avril 1883 à Lignières» fut retrouvé dans un champ voisin, où il avait été
tué au moment de la bataille alors qu’il se disposait à traire ses vaches.
Rolland Bourgouin dit Delattre, ancien prisonnier de la prison de Vitré, Pierre Jouan, Alain Le Gac Eugène Richomme
Enfin l’épilogue, vers 23 heures : sept
Résistants vont être alignés près du carrefour de La Fouchardière et
fusillés, à proximité des camions allemands : Marcel Cottin, agriculteur
à la Vacherie et des hommes de Fougères : François Cheminel, Robert
Gougeon, Auguste Leduc, René Pelé, Gilbert Zoccolini. Bilan dramatique :
11 maquisards et 22 Allemands dont un officier. Faute de mettre la main sur
les autres maquisards, les Allemands incendient, le 16 juin, la
maison du maire et l’école publique de Lignières. Sans parler du
matériel de guerre et d’imprimerie, arsenal de tout résistant des années
1943-1944 totalement détruit.
Simone Viel, la fille du chef de l’Armée secrète, dit
« Maxime », présente sur les lieux, soigne les blessés Allemands et
Français. A sa manière, elle apporte une touche d’humanité dans ce
carnage. Elle sera arrêtée, interrogée, puis finalement emmenée à Alençon et
déportée.
Des résistants fougerais fusillés
Paul Lasnier, blessé, puis sauvagement
assassiné, est né à Laignelet le 4 janvier 1925. Il est à l’origine de
plusieurs groupes de F.U.J.P. (Forces Unies des Jeunesses Patriotiques
et se trouve aux côtés de ses camarades contre les garages Opel
de Fougères et contre la centrale de Saint-Brice-en-Coglès. Il est proche du
chef Guy Bellis et lui succède, après que celui-ci est arrêté à Fougères, le
4 juin 1944.
François Cheminel est né à Ernée (Mayenne)
le 26 novembre 1924. Il est l’un des participants de l’attaque des garages
Opel, à Fougères et de la centrale électrique de Saint-Brice-en-Coglès. Il
est domicilié au Pâtis, à Laignelet.
Robert Gougeon est né
à Fougères le 28 août 1925. Il participe à de nombreuses actions
contre l’ennemi et seconde Pétri dans l'attaque de la prison de Vitré. Domicilié à Rennes, il est
champion de boxe de l’olympic ring rennais.
Auguste Leduc est né à Fougères le 9
octobre 1922. Il habite rue Manceau. Il est réfractaire au STO. René Pelé est
né à Fougères le 26 mars 1924. Il habite au 51 rue des Fontaines.
Il est ouvrier dans une usine de chaussures. Il a rejoint la
Résistance dans les F.U.J.P. d’Ille-et-Vilaine. Comme Cheminel, il a
participé au coup de force contre la centrale de
Saint-Brice-en-Coglès.
Gilbert Zoccolini est
né en Corse le 5 avril 1924. Il habite boulevard Thiers, à Fougères. Marcel
Cottin, né à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 19 février 1898, exploite une
ferme à Lignières.
Exception faite de Marcel Cottin, les résistants de
Fougères sont très jeunes, beaucoup ont une vingtaine d’années, l’un d’eux,
Zoccolini n’a que 19 ans. Ils ont participé ensemble à de hauts faits
de la Résistance en Ille-et-Vilaine et à Fougères. Avant d’être exécutés,
certains subissent les tortures des SS. Leurs noms ne devraient pas être
oubliés dans la mémoire collective, car ils ont porté la lutte dans des
lieux espacés qui tissent une carte de la Résistance.
Une commune endeuillée et sinistrée
Maquisards au coude à coude avec des Résistants de
l’Ille-et-Vilaine, de l’Orne, de la Manche et de la Mayenne, ils
incarnent une Résistance, à la fois diversifiée et coordonnée, après le
débarquement sur les côtes normandes. Ils sont des libérateurs du territoire,
à l’image de tous ceux qui freinent ou stoppent la remontée des troupes
allemandes.
Leur mémoire est honorée à travers des monuments
érigés dans cette commune rurale de la Mayenne : la stèle de La
Fouchardière comporte, gravés dans la pierre, les noms des patriotes
exécutés. Dans le bourg de la commune, quelques monuments rappellent la
Résistance de Lignières. De nos jours, des habitants de la commune
gardent la mémoire des évènements, par le biais d’une exposition qui
mériterait d’être davantage connue et exploitée.
Du maquis de Broualan (au nord de
l’Ille-et-Vilaine) et de Fougères, des hommes ont rejoint des combattants de
l’Orne, de la Manche et de la Mayenne, frères d’armes dans un combat
impitoyable contre les convois et le matériel allemand. Expérimentés, ils se
sont rapprochés dans l’espoir d’accélérer la déroute de l’ennemi. D’horizons
géographiques différents et de mouvements de Résistance unis, ces combattants
ont écrit une des plus belles pages de cette insoumission.
Bien sûr, peu de temps après, le 7 juillet
1944, le maquis de Broualan sera envahi par le « Bezen Perrot »
et le SD, avec des exécutions immédiates et des fermes incendiées. De même,
le maquis de Saint-Marc-sur-Couesnon sera investi, le 25 juillet 1944 par la
Milice, qui exécutera quatre Résistants.
Lignières-la-Doucelle, Broualan, Saint-Marc-sur
Couesnon, trois hauts-lieux de la Résistance et trois belles pages
d’Histoire.
Daniel Heudré et Jean Paul Louvet
1 Desmeulles, professeur d'histoire à Alençon,
chef départemental de l'A.S. de l’Orne, sera déporté de Pantin, le 15 août
1944 vers Buchenwald. Il décédera le 12 mai 1945 à Bergen-Belsen.
Sources:
Les crimes de guerre allemands dans la Mayenne: Comité départemental de Libération de la Mayenne. Notice historique établie par R. Bignon.
Documents communiqués par Jacques Garcin, Président de l'Association
Départementale "Mémoire de la Résistance.
Printemps et été 1944 à Lignières-la-Doucelle et Orgères-la-Roche. VIie,
drames, espoirs et libération. André Robert et Christian Ferrault.
Avec la participation de Madeleine Catois et Pierre Tonnelier
1 -M. Desmeulles, professeur d'histoire à
Alençon, chef départemental de l'A.S. de l’Orne, sera déporté de Pantin, le
15 août 1944 vers Buchenwald. Il décédera le 12 mai 1945 à Bergen-Belsen.
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