dimanche 29 avril 2012

LES MEGALITHES DE LA FORET DE FOUGERES I

SITES DE MEMOIRE:

 


Les mégalithes de la forêt de Fougères



La Pierre du Trésor


La Pierre du Trésor inaugure notre  série sur les mégalithes de la forêt de Fougères, suivront la Pierre Courcoulée et le Cordon des Druides. S’il reste aujourd’hui de beaux vestiges de ces trois monuments, force est de constater qu’ils demeurent encore en grande partie énigmatiques, tout comme leurs homologues qui couvrent les terres armoricaines mais aussi européennes.Sous la mousse et entre les branchages, on peut encore admirer ces vestiges de pierre; observons-les  et essayons de les décrypter, dans les limites du possible.


La Pierre du Trésor. Les blocs de pierre gisent épars,relativement regroupés autour de la dalle de
 recouvrement.   Toutefois,on devine à l'arrière-plan une pierre isolée, a-t-elle été déplacée ou faisait-elle partie de l'enceinte de terre?
 (cliché J. Bachelier) 

       La Pierre du Trésor



        La Pierre du Trésor se situe dans la forêt de Fougères, dans sa partie orientale, au sein de la parcelle 78. Nous sommes donc en Landéan. Actuellement, on la distingue dans un petit creux d’un mètre, d’où apparaissent quelques pierres recouvertes le plus souvent de mousse, orientée globalement nord-sud.


Au fond de cette petite cuvette émergent sept blocs de pierre de taille inégale, dont un légèrement à l’écart (photographie n° 1). Comme bien souvent pour ce type de monument, la pierre est d’extraction locale, c’est un granite avec une forte proportion de quartz. Le bloc principal (table, dalle de recouvrement ou de couverture) mesure un peu plus de trois mètres de long, elle dépasse les deux mètres de large et est épaisse de 80 centimètres. Le temps et surtout les hommes expliquent qu’elle a basculé ; des chercheurs du fameux Trésor ont renversé l’édifice... d’aucuns ont aussi accusé la chute d’un arbre. Autour de ce gros bloc, cinq ou six pierres atteignant près de 60 centimètres de haut. Il s’agit des orthostates, ou dalles verticales, ayant vocation à soutenir la dalle, celles-ci formaient le couloir menant à la chambre.


Si les auteurs anciens ont mesuré la Pierre du Trésor sous toutes les coutures (P. Bézier, L. Rallier et T. Danjou de la Garenne), presque aucun n’indique la forme ovalaire qui se détache tout autour atteignant les six-huit mètres de diamètre (photographie n° 2). L’ensemble est ceinturé d’un talus de terre d’une vingtaine de centimètres vers l’extérieur, mais atteignant près d’une soixantaine de centimètres à l’intérieur de la dépression. Il s’agit très certainement des vestiges d’une enceinte, possible empreinte d’un tumulus ou plutôt d’un tertre, c’est-à-dire une éminence artificielle composée uniquement de terre.


Il faut un peu d’imagination pour se représenter l’ensemble tel qu’il devait être il y a plusieurs milliers d’années. Les piliers, plantés verticalement, servaient d’assise à la dalle de couverture. Ainsi, un espace était dégagé, on parle de chambre, mais il est délicat d’en restituer la forme, était-elle circulaire, quadrangulaire ou polygonale ? Cette dernière hypothèse paraît difficile étant donné le faible nombre d’orthostates, par contre on peut vraisemblablement imaginer une chambre quadrangulaire. Cette dernière pouvait atteindre près de 1,50 mètre de long. À la différence d’autres mégalithes, la Pierre du Trésor ne semble pas avoir eu de couloir d’accès. Quant à la forme ovalaire, faite en terre, elle conserve le souvenir d’un tertre, disparu depuis sous l’action des vents, de la pluie et surtout des hommes, même une modeste colline artificielle de terre devait susciter si ce n’est pas la curiosité, au moins la cupidité.




Un trésor et un diable : légende autour du mégalithe


Le nom de cet ensemble mégalithique a excité les convoitises, comme le soulignait l’abbé Manet : « son nom lui a été funeste ». On ignore à quelle époque, mais la Pierre du Trésor a subi des fouilles sauvages et elle a été renversée. On ne peut exclure qu’une partie de la terre qui l’entoure provienne de ce vandalisme, toutefois la trace d’une enceinte reste la plus probable.


Louis-François Du Bois dans ses Recherches archéologiques, historiques, biographiques et littéraires sur la Normandie parues en 1843 avait rapporté une légende se rapportant à la  Pierre du Trésor, comme bien souvent, le diable n’est pas loin... :


« Mazarine est une femme puissante qui passe pour être la mère de tous les diables anciens et modernes. (...) Elle possède dans la forêt de Fougères un très beau château (...). Celui qui aspire à la fortune se met en quête ; il dirige ses pas vers la forêt de Fougères ; il trouve sur sa route un petit ruisseau sans apparence et non pas sans pouvoir. S’il met le pied dans le ruisseau, il est sûr d’avoir le cou cassé par le diable. Ce mauvais pas franchi, on arrive au château ; on entre ; on trouve une masse immense de richesse. Alors une voix se fait entendre et crie solennellement : "Prends cet or autant que tu voudras, mais n’en prends pas plus que tu n’en pourrais porter." Le retour a lieu aussitôt ; et le nouvel enrichi, tout fier qu’il est de son acquisition, n’a garde d’oublier ce précepte de la sagesse : rien de trop. Il ne s’est chargé que convenablement. On dit que les petits ruisseaux font les grandes rivières ; en effet au lieu où coulait le petit ruisseau, se trouve une rivière fort large ; mais l’histoire ne dit pas qu’elle empêche de passer. L’enrichi jouit de ses richesses comme il le juge à propos ; mais au bout des douze années, il appartient au diable qui en fait ce qu’il juge à propos. »



Dans cette légende, la Pierre n’est pas citée, mais se situant non loin du lieu-dit Les Vieux Châteaux, aussi énigmatiques que les Celliers de Landéan. Il existe d’autres fables sur ce fameux trésor, considéré comme damné, volant, insaisissable... et pour cause ! Ces histoires merveilleuses rappellent que la quête du trésor en a justement détruit un autre : le monument mégalithique…





On aperçoit ici l'enceinte de terre qui conserve probablement la mémoire du tertre de terre qui recouvrait la Pierre du Trésor,on peut estimer que le diamètre atteignait six à huit mètres
( cliché J. Bachelier).




Site de mémoire : quelques repères



La Pierre du Trésor n’a jamais été l’objet de fouilles scientifiques qui auraient pu permettre de mieux la comprendre. Mais le vandalisme de pilleurs de trésor a probablement rendu vaine toute étude, les moindres éléments (poterie, parures...) permettant une possible datation ont certainement été détruits, d’autant plus que des voleurs ont déjà dû visiter les lieux...

Néanmoins, ce type de construction s'accorde avec une datation du Néolithique. Cette période de la Préhistoire commence aux environs du milieu du VIe millénaire et se termine vers 2000 avant notre ère. Toutefois le mégalithisme armoricain s’est principalement déployé entre 4800 et 3500. L’absence de couloir d’accès à la chambre inciterait à proposer une datation haute de ce mégalithe, peut-être du Ve millénaire.
Ce dolmen a été classé aux Monuments  Historiques par arrêté du 19 décembre 1946.


                                                                                                                                                                Julien Bachelier




mardi 17 avril 2012

LES MIRACLES de SAVIGNY, miroir de la société médiévale?


Les miraculés du Livre des Miracles :
      miroir de la société  médiévale ?




     " Les aveugles voient, les  sourds entendent, les muets parlent, les pauvres sont évangélisés,les boiteux marchent, les paralytiques guérissent, les possédés sont délivrés du démon par les mérites des saints et (qu'y a-t-il de plus remarquable?) les morts ressucitent."
 Paraphrase des paroles du Christ  adressées aux disciples envoyés  par Jean-Baptiste dans l'Evangile
 de saint  Matthieu (XI,5) et de saint Luc  (VII,22)  par l'auteur du Livre des Miracles dans sa préface.



Près de 390 miracles sont décrits permettant une approche de la société médiévale, étaient-ce tous les groupes sociaux qui pouvaient espérer bénéficier de l’intercession des saints de l’abbaye ?






Peu de femmes et d’enfants


Quatre-vingt-neuf miracles concernent des femmes, soit 24% du total, ce qui n’étonne guère au regard d’autres Livre des Miracles, ainsi à l’échelle de la France, P.-A. Sigal a souligné qu’elles ne formaient qu’un tiers des 5 000 miracles qu’il a étudiés. Malgré les lacunes du texte et l’imprécision médiévale pour l’âge, on trouve régulièrement ce type de formule : « Gautier, d’à peu près 15 ans », nous avons néanmoins répertorié une centaine d’enfants (25%). Pour le reste, la gente masculine et adulte domine largement, sans que cela reflète son réel poids démographique dans la société, nobles, chevaliers et religieux paraissent être favorisés par les saints.





Reliques des saints Vital,Hamon,Pierre d'Avranches et Guillaume Niobé, église de Savigny-le-Vieux. DR 



Nobles et ecclésiastiques : privilégiés des saints ?


 Le Livre des Miracles permet aussi une approche en fonction des catégories sociales. À une soixantaine de reprises l’auteur a précisé à quel groupe appartenait le ou la miraculé(e), soit à peine 13 % des cas.

  Sans surprise, la noblesse arrive en tête avec 22 mentions (44%) : dans sept cas le miraculé est simplement qualifié de dominus (seigneur), comme Geoffroy d’Orange tombé gravement malade, ou Isabelle, domina de Fougères, qui appartenait à la strate supérieure de la noblesse, mariée au dernier descendant direct des seigneurs de Fougères, Raoul III, dont la famille était fondatrice de Savigny, elle sera d’ailleurs inhumée dans l’abbaye. Ailleurs, l’auteur souligne que le noble est aussi miles (chevalier), comme Juhel de Logé, « noble et miles, du diocèse du Mans », ou bien que ce membre de la noblesse a un grade de chevalerie moindre et qu’il n’est qu’armiger (écuyer), tel Robin Roussel, « armiger et nobilis du diocèse de Coutances ». Le scribe établit une dernière différence au sein de ce groupe aristocratique, puisque parfois il précise que le miraculé n’est que miles ou simple armiger, sans mention d’une quelconque appartenance à la noblesse. Dans ces deux derniers cas, il faut imaginer que nous avons affaire aux strates inférieures du second ordre, certains armigeri (écuyers) ne pouvant arborer le titre de miles (chevalier) faute de ressources financières....

Inscription latine gravée sur le cénotaphe de saint Vital :
 Inter   alia opera,quemdam militem,populo praesente, suis sanctis precibus resuscitavit.
 Entre autres grandes oeuvres, il redonna la vie à  un militaire,
 sous les yeux du peuple, par ses saintes prières.

      Nécessairement le groupe aristocratique accuse une forte différence entre les hommes et les femmes, les premiers représentant presque la totalité des exemples.
      Cette absence, ou quasi absence, des femmes se retrouve dans le second groupe social celui des religieux. Une douzaine est clairement citée dont une seule femme, la prieure de Mortain. Le clergé régulier apparaît plus nombreux que les séculiers. Parmi ces derniers, nous trouvons seulement un abbé, celui de Beaulieu, près de Dinan. Suivent six moines, dont quatre de Savigny, notamment Guy, atteint de douleurs au crâne, maladie touchant particulièrement les religieux, un prieur, celui de l’abbaye de Vieuville (Bretagne), et un seul convers de Savigny, c’est-à-dire un moine affecté aux tâches manuelles. De son côté, le clergé séculier est beaucoup moins présent, seuls quatre prêtres sont mentionnés. L’auteur évoque aussi cinq clercs, dont un seul semble avoir intégré les ordres puisqu’il est qualifié de diacre. Si l’on se fie aux seules mentions de catégories sociales de l’auteur, les religieux représentent près du tiers des personnes bénéficiant d’un miracle.


Nous retrouvons ici les divisions intellectuelles forgées depuis l’époque carolingienne, où « ceux qui prient » (oratores) et « ceux qui combattent » (bellatores) sont mis en avant, qu’en est-il de « ceux qui travaillent » (laboratores) ?



Le troisième ordre : le grand oublié ?


Le monde des villes paraît très discret. Pour les citadins, les textes distinguent cives (citoyen) et burgenses (bourgeois). Le premier terme désigne un habitant d’une ancienne cité, bien souvent d’origine gallo-romaine, quant au second, il indique une personne vivant dans un burgus, soit un bourg, c’est-à-dire un lotissement installé le plus souvent en milieu rural, près d’un prieuré ou d’un château. Ainsi, un cives vient d’Avranches et trois autres de Coutances, qui sont effectivement d’anciens chefs-lieux gallo-romains; les bourgeois, quant à eux, n’apparaissent qu’à trois reprises.


Les paysans semblent les grands oubliés, un seul est clairement désigné par l’auteur du Livre des Miracles, Renaud, rusticus, vivant près de Savigny. Il semble bien que le monde rural ne soit pas nettement distingué car il fournit très probablement le gros des troupes des miraculés, omniprésents dans la société médiévale, l’auteur n’a pas jugé utile de relever leur catégorie sociale.


Le Livre des Miracles fournit aussi quelques précisions relatives à des membres du troisième ordre. On trouve ainsi une demi-douzaine de mentions d’activités professionnelles, comme Hervé, marchand  à Lasson (Calvados), ou Geoffroy Dobé tailleur. Pierre de Quarnet, en Saint-James, frôla le naufrage sur la Gironde et fit appel aux saints de Savigny, faisait-il du commerce ? Renalt Gaudin, du château de la même paroisse, est pris de fièvre alors qu’il revient du Poitou, où « il avait transporté des marchandises avec ses associés pour les vendre ». Parmi ceux qui sont désignés en fonction de leur métier, on trouve un famulus, Guillaume de Paris, domestique, serviteur, de l’évêque d’Avranches ; et trois artisans, dont un charpentier, Hervé de la Crèche malheureux menuisier de La Bazouge-du-Désert qui chuta lourdement du toit sur lequel il travaillait, mais les saints le sauveront. Enfin, André de Laval, habitant de Mayenne, est désigné comme faber, probablement un orfèvre.




Le Livre des Miracles fidèle portrait de la société ?


Au final, l’auteur nous dresse non pas un fidèle portrait de la société médiévale telle qu’elle était, mais probablement telle que lui la voyait ou telle qu’on lui avait demandé de la transcrire dans son Livre. Le monde de la noblesse semble le plus important, mais cela ne s’explique-t-il pas par le fait que nobles et chevaliers sont les principaux donateurs de l’abbaye ? Ils donnent des terres, des rentes en argent ou en nature, des dîmes... L’approche de la mort reste le moment le plus propice à l’acte de donation, mais il n’est en rien exclusif. L’auteur soigne ici les relations privilégiées qu’entretiennent les moines avec les puissants, les nobles ne sont peut-être pas les plus nombreux à bénéficier des miracles, mais on prend soin de les distinguer des autres.



<><></>
Gravure d'après la revue Le Pélerin , fin XIXè,  illustrant trois moments édifiants ou merveilleux  de la vie du saint : au centre, le comte de Mortain et sa famille rendent visite à saint Vital dans son ermitage.  La miniature supérieure représente la chute du moine Osbert protégé  par saint Vital; sur la  miniature inférieure, saint Bernard de Clairvaux voit l'âme de Vital monter au ciel . Hippolyte Sauvage, Vie de saint  Vital,p.74.


    En nombre presque égal les religieux, mais là aussi on retrouve certains choix. Ce n’est certainement pas un hasard si les membres du clergé régulier sont beaucoup plus nombreux que les simples curés de paroisse. On retrouve ici une tension parcourant le clergé entre ceux qui veillent aux âmes dans l’au-delà, les moines, et ceux qui s’occupent des âmes ici-bas, les prêtres. Les réguliers sont représentés dans toute leur diversité, depuis l’abbé au convers en passant par le moine ; d’ailleurs l’auteur appartient à ce dernier groupe.


Noblesse et clergé sont surreprésentés, mais il convient de rappeler qu’il s’agit de deux groupes privilégiés, socialement, mais aussi économiquement et symboliquement. En cas de maladie ou d’accident, les nobles ont les moyens financiers de se déplacer, de venir en pèlerinage ; quant au clergé, si les réguliers sont si nombreux c’est peut-être parce qu’ils vivent à proximité des reliques. La césure au sein du clergé renvoie éventuellement à une opposition sociale, les séculiers vivant dans des conditions matérielles souvent plus difficiles que celles des réguliers.
« Ceux qui travaillent », le troisième ordre, sont mêlés les uns aux autres, certes les citadins paraissent les plus souvent cités, mais à plusieurs reprises le monde rural, celui des artisans et surtout des paysans, se devine, ces derniers étant très probablement les plus concernés par les miracles.


    Quant à la répartition des sexes, on note une plus grande proportion d’hommes (deux tiers) que de femmes (un tiers), le même type de différence s’observe à l’échelle de la France entière, il faut probablement faire un lien avec la plus grande sédentarité des femmes, les hommes, plus libres pour se déplacer, pouvaient se rendre plus facilement dans les sanctuaires. On ne peut oublier que le Livre est l’œuvre d’un clerc, un moine, qui vit éloigné des femmes depuis son entrée à l’abbaye; les cloîtres, les scriptoria et les écoles restaient des univers exclusivement masculins. Il parle d’un monde qu’il connaît très mal. Enfin, tous les âges sont concernés par les miracles. Sans être un fidèle reflet de la société médiévale du XIIIe siècle, le Livre des Miracles souligne néanmoins que tous peuvent être concernés par un signe de Dieu, l’auteur n’oublie personne indiquant par là que tous peuvent être sauvés.







Eglise paroissiale de Savigny-le-Vieux, où reposent les reliques des saints de Savigny.
Chaque année, en septembre, on porte en procession les reliques des saints sur l'autel de l'abbatiale
détruite, par fidélité à l' héritage rituel.
                                                                                                     Texte:   Julien Bachelier

                                                                                              Clichés : J.PGallais
                                                                                                                    

 Bibliographie:      - Bachelier Julien, « Miracles et miraculés au milieu du XIIIe siècle d’après le Livre des Saints de l’abbaye de Savigny », dans Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, 2011, t. 88, fasc. 426.
 -Liber de Miraculis Sanctorum Savigniacensium publié dans Recueil des Historiens des Gaules et de la France, publ. par de Wailly, Delisles et Jourdain, 1894, t. 23.
-Pichot Daniel, Les cartulaires manceaux de l’abbaye de Savigny, Avranches, Société d’Archéologie d’Avranches-Mortain, tiré à part de « Les cartulaires manceaux de l'abbaye de Savigny : essai d'étude économique et sociale », dans Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, t. 53, n. 286, 287, 288.

vendredi 13 avril 2012

SAVIGNY, SANCTUAIRE DES MIRACLES


Le Livre des  Miracles des saints de l’abbaye de Savigny

Comme la plupart des abbayes du Moyen Âge, Sainte-Foy de Conques (XIe siècle) Saint-Gilles du Gard (XIIe siècle) ou encore Notre-Dame de Chartres (XIIIe siècle), la Trinité de Savigny a fait rédiger un Livre de Miracles. Mais sa rédaction ne fut pas fortuite, elle correspondait à un moment particulier, celui de l’aboutissement de vastes travaux et du souci de diffuser le culte de ses saints.


Abbaye de Savigny: l'emplacement du cloître, la porte  saint-Louis ouvrant
 sur le réfectoire  et, à droite, les cuisines.


Un recueil du milieu du XIIIe siècle

L'auteur de ce Livre des Miracles  des saints est resté anonyme, moine à Savigny, il vécut au milieu du XIIIe siècle. Il donne suffisamment d’indications pour que l’on sache quand a été rédigée son œuvre : entre 1243/1244 et 1250. En effet, l’événement fondateur est le transfert, en 1243, des reliques des saints de Savigny de la chapelle Sainte-Catherine, où ils reposaient depuis les années 1180, vers la nouvelle basilique du monastère.

         L'historien  Hippolyte Sauvage a publié  en 1899 une traduction  de ce manuscrit : le récit des prodiges qui ont accompagné la translation des reliques et de quelques miracles est directement accessible sur ce site: pages 19 et suivantes.


       La cérémonie se déroula le 1er mai 1243, en présence d’ « une foule immense, près de 100 000 personnes, des deux sexes et de tous les âges », l’abbaye ne pouvant accueillir tout le monde, on pria jusque « dans les champs et les bois voisins ». Le nombre de participants a nécessairement une valeur davantage symbolique que réel. Le scribe en profite pour mettre en exergue la popularité de son abbaye. On ne peut toutefois exclure la présence de milliers de personnes, d’autres transferts de reliques des saints attestent d’une très forte participation. Malgré cette foule, il n’y a aucun blessé, afin de souligner l’esprit de paix qui régnait, l’auteur précise même que les jeunes chevaliers et clercs ne se sont pas querellés, comme il arrivait parfois...  Le moine a consigné près de 400 miracles afin de promouvoir le culte de ses saints. Le premier a lieu au moment du transfert des reliques et les suivants s’étalent sur plusieurs années.

Un livre et sa reliure de pierre

Le Livre des saints de l’abbaye de Savigny avait un objectif principal : assurer la gloire de l’abbaye et celle de ses saints. Mais ce recueil avait aussi un objectif plus matériel : attirer les pèlerins et, avec eux, les offrandes pour construire une nouvelle église, même si les moines normands possédaient un riche patrimoine et de nombreux revenus, tant en Normandie qu’en Bretagne, leur permettant de financer ces travaux.

Depuis sa fondation, vers 1112-1113, Savigny a presque constamment été en chantier. Dès 1173, la Chronique de Savigny évoque la construction d’une « nouvelle église », dont les travaux ne se terminent qu’un quart de siècle plus tard, en 1200. En 1220, une nouvelle église abbatiale est solennellement consacrée. Mais les moines poursuivirent les aménagements et l’année 1243 vit l’achèvement de travaux décidés par l’abbé Étienne de Lexington. Savigny se dota alors d’une nouvelle église et de nouveaux bâtiments religieux.


 Maquette de l'abbatiale d'après Louis Saint-Pois. Savigny-le Vieux, Terroirs 2000.

L’abbatiale était alors de vastes dimensions (longueur : 82,33 - largeur de la nef : 26,66 - largeur du transept : 50m) , mais il n’en reste plus que des ruines qui auraient été aptes à susciter l’intérêt de Victor Hugo et d’autres romantiques. Selon Lucien Musset, ce devait être « l’un des plus beaux ensembles gothiques de Normandie. » Aujourd’hui n’émergent plus de la campagne normande que quelques bâtiments, voire de simples pans, tel le célèbre portail du réfectoire.

.

Des saints et des pèlerins

Depuis la fin de l’Antiquité tardive le culte des saints a connu un véritable succès, les moines n’hésitaient pas à voler des reliques à d’autres monastères afin que leur abbaye devienne un centre de pèlerinage...
        Savigny disposait de reliques  de saints. En premier lieu celles de son fondateur et premier abbé, Vital de Mortain. Geoffroy, le second abbé, fut aussi sanctifié par la dévotion populaire à sa mort. Deux autres moines furent distingués pour leur vertu, Hamon et Pierre d’Avranches, ainsi qu’un novice, Guillaume Niobé. Leurs corps furent donc transférés de la chapelle Sainte-Catherine vers la nouvelle église abbatiale. On déplaça leurs châsses, une plaque de plomb gravée indiquait quel saint reposait dans tel cercueil. Ils furent installés dans le chevet.

 Disposition des tombeaux  en hémicycle dans l'abbatiale; saints  Pierre d'Avranches,  Vital, Hamon, Guillaume Niobé,Geofroy, d'après Hippolyte Sauvage : Saint Vital et l'abbaye de Savigny,
ouvrage consultable sur votre écran dans notre chapitre II.

          Ces reliques étaient au cœur de pèlerinages et on peut deviner une concurrence entre abbayes. Ainsi, celle du Mont-Saint-Michel disposait depuis le XIe siècle d’un recueil de miracles. Le prestige de cette dernière faisait de l’ombre à Savigny.  Par exemple, au printemps 1256, Louis IX, de retour d’un pèlerinage au Mont, qui a retenu l’attention des historiens, s’arrêta aussi à Savigny, mais cet épisode est moins connu, pourtant, la Chronique de Savigny souligne qu’il est reçu avec grand honneur, accompagné d’une armée nombreuse et qu’il mangea dans le réfectoire avec les moines.









Dans l''armoire des reliques de l' église paroissiale de Savigny-le-Vieux,sont déposées,
outre des ossements des cinq saints de Savigny cités,  des reliques de sainte Adeline,
 de saint Thomas Becket, de saint Bernard de Clairvaux, de saint Calais, du bienheureux Serlon,
4ème abbé de Savigny.( cl. JP.Gallais. DR)


          L'une des  motivations principales des pèlerins était de prier sur la tombe des saints. Ces derniers faisant office d’intercesseurs auprès de Dieu. Les pèlerins souhaitaient guérir d’une maladie, retrouver un objet perdu, remercier les saints de les avoir secourus à un moment donné... Le flot ininterrompu des fidèles permettait à l’abbaye d’entretenir le culte de ses reliques, de financer ses travaux par le biais des donations et de diffuser sa réputation.



 Une double édification:

Le Livre des saints de l’abbaye de Savigny cherchait à réaliser une double édification, d’abord spirituelle, celle des chrétiens, puis une édification matérielle, celle de son église. Les miracles décrits concernent toute la population. Le recueil voulait montrer que tout le monde pouvait bénéficier de la protection des saints de Savigny. Toutefois Daniel Pichot l’a bien montré en recherchant le lieu d’origine des miraculés, l’essentiel de ces derniers venait d’un rayon de 50 km, Savigny demeure une abbaye au rayonnement régional.




<><></>

 Le  nombre des miracles est proportionnel à la taille des cercles noirs : 1,3, 5, 10, 15
 pour Savigny-même. (cliché J. Bachelier).
 Source : Daniel Pichot Savigny: une abbaye entre Normandie,Bretagne et Maine,
dans Quaghebeur J et Merdrignac B. Bretons et Normands au Moyen Age :
Rivalités, malentendus, convergences. Rennes P.U.R 2008 p.257.

                                                                     Texte : Julien Bachelier

                                                                                                                             Liens et clichés: Jean-Paul Gallais 
                                                                      Images  protégées: archeo133@gmail.com
                                                                            































               





.














samedi 7 avril 2012

COMMENT LES RESISTANTS FOUGERAIS ONT-ILS ETE TRAHIS ?


 COMMENT LES RESISTANTS FOUGERAIS ONT-ILS ETE TRAHIS ?


     Dans « Agents du Reich en Bretagne » Kristian Hamon, historien, apporte une réponse fortement renseignée.



 Ajours du vitrail de la Charité de saint Martin, protecteur de l'église de Mellé,
  suggérant les premières paroles du Chant des Partisans : "Ami, entends-tu le vol noir des
corbeaux sur nos plaines ?". Ce vitrail (fin1943), oeuvre de D. Darquet, maître-verrier
d'Amiens, adresse une supplique à saint  Martin pour le retour des  prisonniers de guerre.


    Les années noires, les heures tragiques de l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale ont déversé des eaux troubles où l’homme a exprimé le meilleur comme le pire de lui-même. L’ouvrage paru fin 2011 projette des lumières sur la Résistance comme sur les lâches compromissions des Organisations pronazies en action dans le Pays de Fougères et près des maquis bretons.


 L'INFILTRATION DU GROUPE RENE GALLAIS


     Le groupe Gallais a fait l’objet de nombreux récits auprès des lycéens par Huguette Gallais, fille de René Gallais, résistante et déportée. L’arrestation du groupe a lieu le 9 octobre 1941, après dénonciation. Après avoir été détenus à la prison d’Angers, puis transférés à la prison de Fresne et à celle de la Santé, à Paris, les 12 membres du réseau se retrouvent à Augsburg, puis à Munich. Le 23 février 1943, ils sont condamnés à mort. Le 21 septembre de la même année, René Gallais, François Lebossé, Raymond Loysance, Marcel Pitois, Louis Richer, Antoine Perez, Jules Frémont et Jules Rochelle sont exécutés à Munich. Andrée Gallais et sa fille Huguette, ainsi que Louise Pitois et Marcel Lebastard sont graciés et commencent un parcours dans l’univers concentrationnaire nazi. Qui les a perdus ?





 Mémorial de la Résistance, square René Gallais, Fougères.
"Ni haine ni oubli"

    Heures tragiques, activités de récupération d’armes avec la volonté de chasser l’occupant, mais aussi activités de délation et de marché noir qui s’apparentent à des nœuds de vipères prêtes à inoculer le plus mauvais venin. Dans l’ombre, parfois même au grand jour, travaillent des individus compromis avec les Allemands. L’un d’eux est clairement identifié ici : Alain Guerduel, à l’origine  membre du groupe Gallais à Fougères. Il est secondé par sa femme, apparemment fervente patriote,proche de la famille Gallais et d'autant plus dangereuse.  C’est le type même du double jeu avec un compagnonnage auprès des résistants et une présence active auprès de la Gestapo. A partir de 1941, Guerduel assure un travail d’interprète auprès de la Feldkommandantur  du Reich.









    Le propre de l’auteur est justement de démêler les fils de la Résistance et des Organisations pronazies, dans la mesure où la dénonciation est souvent l’épée de Damoclès suspendue au-dessus des activités clandestines des résistants. En Bretagne, la formation Perrot , du nom de l’abbé Perrot, recteur de Scrignac, est une unité allemande composée de jeunes nationalistes français bretons, impliqués dans la police de sûreté de la SS (escadron de protection). Des Français exclusivement qui combattent sur le sol français contre d’autres Français. Cette formation à caractère militaire assure la protection des nationalistes bretons proches des Allemands et menacés par les résistants.


        Des autonomistes bretons, Fougères en compte une vingtaine de membres fin 1942, tous se livrant à des activités de marché noir et de délation. L’auteur nous donne le portrait de l’un d’eux, André Colin, agent de la Gestapo. Revêtu d’un manteau de cuir marron, coiffé d’un chapeau à bords relevés, botté de cuir, il se déplace souvent à moto en compagnie de Gérard Goavec, jeune adolescent de 17 ans, en recherche d’identité et d’autorité, et surnommé à juste titre  Lacombe Lucien, d’après l’excellent film de Louis Malle. Des profils inquiétants sans aucune morale et prêts aux pires exactions contre les résistants.



 LA DENONCIATION DE THERESE PIERRE



Thérèse Pierre. Collection D. Heudré


         D’une autre sensibilité que le groupe Gallais, Thérèse Pierre est chargée de la propagande du mouvement de résistance, le Front National, sous les ordres de Loulou Pétri.

      Elle est nommée professeur à l’EPS de Fougères et fabrique de faux papiers pour les réfractaires. Son nom et ses activités sont désormais bien connus grâce à Germaine Dulong, son agent de liaison. Le 21 octobre 1943, Thérèse Pierre est arrêtée  à son domicile, 32 rue des Prés, à Fougères. Elle est transférée à la prison Jacques Cartier à Rennes, torturée, flagellée par la Gestapo. Jamais Thérèse Pierre ne livra un seul nom et on la retrouva pendue  … du fait des mains criminelles de ses bourreaux.











LA  LIQUIDATION TRAGIQUE DU MAQUIS  D'EVERRE.




                 


Ruines informes du moulin d'Everre au bord du Couesnon incendié au soir
du 27 juillet 1944.


    Enfin, l’attaque, le 27 juillet 1944, du moulin d’Everre à Saint-Marc-sur-Couesnon, près de Fougères, marque la dernière expédition du PPF (Parti Populaire Français, organisation fasciste fondée par Jacques Doriot et collaboratrice  pendant la guerre) et du SD (Service de sécurité de la SS). L’enjeu est de taille, puisque cet endroit isolé sert de refuge aux réfractaires et déserteurs du Mur de l’Atlantique, conçu par Rommel. Par inexpérience et sans doute par indiscrétion, ils sont repérés par Goavec  et échouent dans leur tâche de neutraliser la Milice de Fougères.
   L'assaut dirigé sur le moulin à l'heure où treize résistants se retrouvent pour la soupe du soir  fait  plusieurs victimes: quatre résistants sont arrêtés et fusillés sur place. Cinq cultivateurs des fermes voisines sont pris en otages et déportés.


Stèle élevée à la mémoire d'André Chapron, Roger Crosnier, Joseph Lemoine,
Léon Pépin, fusillés au moulin d'Everre, membres du réseau de Résistance de Dinard
et Pleurtuit  dirigé par le commandant Louis Pétri ; la croix apposée sur l'arbre marque
l'endroit où l'un d'eux a été exécuté.



         Ce livre de Kristian Hamon Agents du Reich en Bretagne (édition Skol Vreizh,2011) très documenté et illustré par des portraits est à recommander car il éclaire des zones d’ombre et permet souvent de mieux cerner la complexité d’une période tissée de choix généreux et d’options exaltées aveugles.



                                        Article: Daniel Heudré.
                                        Clichés et publication; JPG.


















jeudi 5 avril 2012

SAVIGNY V: une abbaye en éclats

 L'ABBAYE de SAVIGNY: oeuvres éparses , reliques d'un passé prestigieux.


           Après la  confiscation des bâtiments abbatiaux et surtout après  leur achat par les Jacquemont, l'abbaye est systématiquement dépouillée de ses oeuvres d'art, les édifices sont peu à démontés  et parfois vendus pierre par pierre. Les pièces  identifiées et conservées constituent un puzzle jamais achevé.

      Les reliques des saints de Savigny, Vital, Geoffroy, Hamon, Pierre d'Avranches, Guillaume Niobé, objets d'une grande vénération, ont été sauvées de la profanation par les fidèles et transférées dans l'église paroissiale en septembre 1791.
 Reliques de saint Hamon, église de Savigny-le-Vieux.( cliché JPG)



 Plusieurs éléments d'architecture datant du XIIè au XVIIIè ont été disséminés dans les églises, les fermes et  demeures nobles des environs: Savigny,  Loges-Marchis, Landivy, Fougerolles-du-Plessis, Le Teilleul, Mortain, Notre-Dame-du- Touchet...



Eglise de Fougerolles-du- Plessis.
          
 
         La nef de l'église de Fougerolles-du-Plessis (XIXè) est portée par deux rangées de sept piliers de faible hauteur réunis par des ogives à double voussure:ces piliers de granit proviennent, d'après la tradition, de la salle basse du réfectoire des moines de l'abbaye.

     Quelques éléments du mobilier  du monastère ont été sauvegardés : maître- autel et lampe de sanctuaire à Mortain - heureuse destination dans cette ville et cette église si étroitement liées à saint Vital - autels latéraux, chaire du réfectoire, boiseries, cénotaphe de saint Vital, rares gisants....


 Gisant d'un  Baron de Fougères, l'un des Raoul (XIIIè) mutilé et dégradé,acquis par le comte de La Riboisière,déposé au château de Fougères, actuellement objet d'étude.




Maître-autel de la collégiale Saint-Evroult,à Mortain ,en provenance de Savigny : oeuvre somptueuse du XVIIIè en marbre rouge et noir des environs de Laval .Cliché de l'Office de Tourisme du canton de Mortain.



 Lampe de sanctuaire de l'abbatiale de Savigny, collégiale Saint-Evroult, Mortain.
 Cliché: A.  Guillouet, Office de Tourisme de Mortain.

          Cette lampe de sanctuaire en bronze doré a lui dans le choeur de l'abbatiale dans la seconde moitié du XVIIIè : avec sa suspension, elle atteint une hauteur de 3 m.35,  la lampe elle-même mesurant 1m.65 ( données de la base Palissy). Elle porte les armoiries de l'abbaye : la lettre S et la tige de fougère.


Les grandes orgues de la cathédrale de Coutances.


     L'orgue de la cathédrale de Coutances provient de l'abbaye de Savigny : il a été  conçu par les facteurs parisiens Deslandes et Rohrer et réalisé entre 1724, année du contrat, et 1728. Acheté par le Département en 1790, il  a été  reconstruit et complété en 1812 par Louis Lair du Mans. Depuis, plusieurs campagnes de restauration ont enrichi ses jeux. Le buffet imposant et ouvragé est l'oeuvre de sculpteurs caennais du XVIIIè : il est supporté par quatre colonnes corinthiennes et deux solides atlantes gainés dans une parure florale proche du rococo. Les silhouettes aériennes des anges musiciens juchés sur les tourelles  tempèrent la monumentalité de  l'oeuvre.
Pour plus de détails:
                    http://cathedralecoutances.free.fr//       

        Sur place, une seule statue a survécu au partage des dépouilles de l'abbaye : elle  veille  toujours dans la chapelle des lépreux, dite du Désert   peut-être à sa place d'origine. C'est le centurion Longin : en contrebas, s'étale un champ de ruines. Après avoir percé le flanc du Christ,Longin s'est converti et tourné vers la vie contemplative,d'après la Légende Dorée: solitude stoïque sur ces lieux désolés!Deux autres statues ont fui le site pour l'église Saint Gervais d'Avranches et plusieurs pour une destination inconnue.

 Saint Longin, armé de sa lance;  bois peint, XIVè?
 chapelle du Désert, Prévoyante Savinienne.( cliché JPG)



 Texte: Jean-Paul Gallais.
Photos de  l'auteur et  de l'Office du Tourisme de Mortain ,www.mortain-tourisme.fr   (lieux de visite )

 Pour la  remise en valeur du site de  l'abbaye:

- Association" Les Compagnons de Savigny".

-Communauté de communes de Saint-Hilaire-du-Harcouët,
 propriétaire du site.