Le château de Fougères à l'époque romantique. Lithographie de Cicéri, vue partielle. fonds Patrimoine, Médiathèque de Fougères. |
Après l'union de la Bretagne à la France en 1532, le rôle de la frontière s'estompe ; et la position stratégique du château de fougères - désormais partie intégrante du domaine royal - s'en trouve naturellement remise en cause .A deux reprises encore, il sera aux rendez-vous de ce que l'on appelle la grande Histoire. Disons plutôt qu'il sera rattrapé par elle : en 1589, durant les guerres de Religion, lorsqu'il est pris par le duc de Mercoeur, à la tête de la Ligue et qu'il en fait son quartier général pendant quelque temps ; à nouveau en novembre 1793, au plus fort de la Révolution, lorsque les Vendéens - dans le sillage de leur virée de Galerne - s'emparent de la ville avec le concours des Chouans...
Ultimes soubresauts, avant sa mise en retraite des obligations militaires et les premiers signes d'abandon qui faillirent lui être fatals. En réalité, le changement de vocation du château de Fougères commença très tôt : dès le XVIIème siècle, période durant laquelle s'opérèrent les premiers travaux de démontage affectant notamment la troisième enceinte, devenue inutile et qui fut presque totalement démantelée pour la récupération de la pierre ; puis remblayée sur plusieurs mètres d'épaisseur ! Quant à la grande enceinte, elle fut en partie préservée, ce qui permit de convertir la place en lieu d'enfermement - à la fois prison et aire de cantonnement pour les régiments en transit - confié aux soins d'un gouverneur dépendant de l'administration royale.
En 1784, le château fut afféagé au baron de Pommereul qui devint propriétaire en 1802, date à partir de laquelle les destructions s'intensifièrent au profit de nouveaux aménagements visant à transformer les bâtiments restants en lieux de casernement. Ainsi disparurent le grand logis et la tour Coëtlogon, entièrement réduits à l'état de ruines, tandis que les tours Raoul et Surienne furent rehaussées d'immenses greniers à fourrage, recouverts chacun d'une hideuse toiture à la Mansart... en prélude à l'installation d'une petite usine de filature venue s'y loger un peu plus tard, en 1836 !
En 1784, le château fut afféagé au baron de Pommereul qui devint propriétaire en 1802, date à partir de laquelle les destructions s'intensifièrent au profit de nouveaux aménagements visant à transformer les bâtiments restants en lieux de casernement. Ainsi disparurent le grand logis et la tour Coëtlogon, entièrement réduits à l'état de ruines, tandis que les tours Raoul et Surienne furent rehaussées d'immenses greniers à fourrage, recouverts chacun d'une hideuse toiture à la Mansart... en prélude à l'installation d'une petite usine de filature venue s'y loger un peu plus tard, en 1836 !
La tour Raoul coiffée d'un toit à la Mansart abritant les réserves de fourrage. Photo d'Albert Durand, fin XIXè . Collection A. Durand, Médiathèque de Fougères. |
Au terme de cette évolution, force est de reconnaître que le château en ressortit passablement défiguré, en attendant de devenir la proie de la végétation dévorante. Et ce, pour le plus grand étonnement des écrivains romantiques attirés par les fantômes du Moyen Age réinventé : Chateaubriand, Balzac, Hugo, Flaubert et Maxime Du Camp... tous sont tombés sous le charme de "ce qui n'était plus qu'une immense ruine tremblante et lézardée, avec ses tours délabrées, percées à jour et souvent fendues dans toute leur hauteur et d'où pendaient de traînants bouquets de ronces, de lierre, de vigne vierge et d'églantine!" point d'autres mots pour dire en quel état se trouvait la vieille forteresse, dont l'entrée, complètement dénaturée, finit par se confondre avec une maison d'habitation directement accolée à la première enceinte... ainsi qu'on peut le voir sur d'anciennes cartes postales ou sur les dessins d'Albert Robida.
Le château de Fougères ; lithographie de Robida, fin XIXè. Fonds Patrimoine, Médiathèque de Fougères. |
Prosper Mérimée, le sauveur!
Entre temps, en 1841, Prosper Mérimée, alors Inspecteur général des Monuments Historiques , était passé à Fougères : point de départ de toutes les démarches qui aboutirent au classement du monument et finalement à sa restauration à partir de 1892, date à laquelle la ville de Fougères le racheta à la famille de Pommereul pour une somme de 80000 francs, dont la moitié fournie par l'Etat. Grâce à cette initiative, les travaux purent commencer sous la gouverne des architectes des Monuments Historiques, Denis Darcy, puis Paul Gout, qui s'activèrent principalement à sauver les tours Raoul et Surienne rendues à leur "état gothique" en1909. Ainsi, fort de son passé réhabilité, le château fit son entrée dans le temps présent... et, aux yeux de certains de ses nouveaux admirateurs, comme le jeune Thomas Edward - futur Lawrence D'Arabie - il devint "le plus beau de tous, vraiment au-dessus et au-delà de tout ce que l'on peut dire !"
L'ancien musée de Peinture, Tour Mélusine.Archives municipales,Fougères. |
Les années 1890-1900 furent donc celles du renouveau mais aussi celles d'une nouvelle vie, trèe éloignée de sa vocation première. C'est à cette époque qu'un musée municipal est installé dans les salles de la tour Mélusine jusqu'en1952, avec ses maquettes de la statue du général de Lariboisière, ses gravures et ses tableaux-numérotés mais pas tous identifiés ! - ses curiosités archéologiques dont une collection de coquillages, ses faïences, ses monnaies exotiques, ses lances indiennes... des papillons et une momie ! Plus une collection de chaussures anciennes, des souliers et des sabots coréens du XIXème siècle, présentée au public jusque dans le courant des années 1970.
Faïences de la collection Henri Roussin, ancien musée de Fougères : Vierge d'accouchement, saint Jean-Baptiste, art populaire fin XVIIIè. |
Autrement,le château est fréquemment utilisé pour des cérémonies festives, des concours de gymnastique et des représentations théâtrales, grâce à l'aménagement d'un théâtre de verdure. Autant d'activités qui marqueront les belles années du XXème siècle, en attendant le début des années 70 placées sous le signe des grands spectacles du Livre Vivant : Les Chouans de Balzac, Quatre-Vingt-Treize de Victor Hugo, le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier et tant d'autres, mis en scène par Michel Philippe jusqu'au milieu des années 1990.
Répétition au" Théâtre de la Nature". Collection des Archives municipales. |
Depuis, à chaque retour de l'été, le festival Voix des Pays investit les lieux, offrant à ces vieux murs l'occasion de vibrer à l'unisson des chants venus du monde entier. Ainsi va le château de Fougères, poursuivant son voyage au long cours, plus accueillant que jamais, rajeuni par son parcours scénographique et porté en avant par le nombre croissant de ses visiteurs.
Texte : René CintréClichés:Jean-Paul Gallais
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