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jeudi 10 mai 2012

Le général FRANCOIS-RENE de POMMEREUL, amateur d'art


FRANCOIS-RENE de POMMEREUL,  esthète et mécène.




L'AMATEUR D'ART

           Si François-René de Pommereul a traduit plusieurs essais sur l'Art du critique italien Milizia, il a aussi exprimé ses propres conceptions ; adepte du néo-classicisme, il a préconisé l'édification de monuments publics pour familiariser la société avec l'art et il a voulu encourager la créativité des artistes principalement des graveurs : ses thèses sont exposées dans la seconde partie de l'ouvrage De l'art de voir dans les Beaux-Arts  : " Des institutions propres à encourager et perfectionner les Beaux-Arts en France "  p.233à 274, accessibles  en cliquant sur ce lien

      
          Pommereul a milité pour la création d'un musée public de gravure où seraient réunies les estampes des collections nationales et conservés les cuivres des graveurs ; il a voulu faciliter le commerce des épreuves de façon à soutenir la création des artistes, il est ainsi à l'origine de la CHALCOGRAPHIE du LOUVRE ou  Collection des estampes (1799) dont on peut voir l'historique en cliquant sur ce lien:


Gravure  d 'ex-libris (marque d'appartenance), d'inspiration néo- grecque ,
début XIX, Archives municipales de Fougères, fonds Pommereul.



UN GRAND BIBLIOPHILE

          Sa bibliothèque en partie conservée à la médiathèque de  Fougères allie la curiosité littéraire et scientifique à un goût d'esthète. L'exploration des lointains, le contact des civilisations proposent aux philosophes des Lumières une autre approche  du vrai et du beau :

Gravure de frontispice de Baquoy.
Description géographique de l'Empire de la Chine et de la
Tartarie Chinoise, par le père du Halde.
 Fonds  ancien, Médiathèque de Fougères.


       Ses collections offrent un reflet de sa culture  humaniste et encyclopédique. Elle est riche de milliers d'ouvrages qui couvrent les débuts de l'imprimerie et les trois siècles suivants : oeuvres de la littérature latine, premières éditions d'oeuvres littéraires, ouvrages artistiques, historiques et scientifiques, récits de voyages... Ces volumes  souvent parés de reliures de cuir somptueuses et de gravures d'artistes renommés sont à eux seuls des oeuvres d'art.



 Reliure Mosaïque luxueuse, fin XVIIIè . Voyage de La Pérouse autour du Monde.
 Paris, 1797. Médiathèque de Fougères, fonds patrimonial,12 B.


       En 1838, le général Gilbert de Pommereul (1774-1860) a fait don à la ville de Fougères de sa bibliothèque personnelle héritée de son père, soit 5 000 ouvrages du XVè au XVIIIè siècle et  une collection de très belles gravures;il a  ainsi permis la création d’une bibliothèque municipale. La rue Pommereul qui longe l'ancienne bibliothèque et s'ouvre à proximité de l'hôtel Bertin (aujourd'hui presbytère Saint-Léonard) - où Gilbert de Pommereul a accueilli son ami  Honoré de Balzac - perpétue le souvenir de cette illustre famille.


Ex-libris du général baron François de Pommereul, gravé en taille-douce, style rocaille,figurant les armes du propriétaire: la feuille de fougère,
 le rempart crénelé, le canon et la plume.
Recueil de pièces servans à l'histoire de Henry III ..,1662. Médiathèque de Fougères 60A.
                                                                              Texte et clichés: Jean-Paul Gallais.
                                                                              Images protégées

 Ressources documentaires:
- Archives de Fougères, fonds Pommereul.
-Quelques biographies du XIXè, souvent partisanes...et incomplètes,
-  Encyclopédie wikipedia.
- Des éclairages brefs mais différents  dans ces publications:
     Revue "Le Pays de Fougères",article de Daniel Heudré, n. 141,1999.
     Docteur Poirier" Hauts lieux réputés au Pays de Fougères", 1983
     Depasse François, Fougères et ses environs ,Bastion,rééd. 1986.
                                                                               

lundi 7 mai 2012

FRANCOIS-RENE de POMMEREUL I : l'esprit des Lumières


FRANCOIS-RENE DE POMMEREUL, 1745-1823


    


Le général François-René de Pommereul a marqué l’histoire de Fougères, par son adhésion à l'idéal de l' Encyclopédie, son goût artistique et sa collection de beaux ouvrages, ainsi que par les fonctions politiques qu’il a exercées sur le plan national.

Le général François-René de Pommereul,  gravure de Chrétien. Archives municipales, Fougères



      Fougerais  d’origine - il était le fils de Louis Pommereul, conseiller du roi et  procureur de Fougères - François-René de Pommereul se passionnait pour l’Histoire, la Littérature, la Philosophie, les Arts et les Sciences. Il est entré de plain-pied dans l'effervescence intellectuelle et la remise en cause de l'ordre établi qui ont préparé la Révolution ; à Fougères, il  a fondé une «société de lecture» et  il était membre de la loge maçonnique  "L'Aimable Concorde".


 Blason du général Pommereul: la plume, le canon, le rempart:
 trois symboles, trois axes de vie.
 Collection des dessins, Médiathèque de Fougères.


UNE PLUME REDOUTABLE


      Esprit brillant, curieux de tout, il a beaucoup écrit sur quantité de domaines, tantôt artistiques et historiques tantôt très techniques sur l’artillerie, la manière d’entretenir les chemins... Sur le plan artistique, il a contribué à la diffusion  du goût nouveau néo-classique en traduisant des auteurs italiens admirateurs de l'Antiquité et en exprimant ses propres choix. Sur le plan des idées, il s'est intéressé à Epictète qu'il a traduit et commenté et il  s'est engagé dans le combat des Philosophes des Lumières : on lui  doit plusieurs essais , autant de torches allumées, dont "Recherches sur l'origine de l'esclavage religieux et politique en France ",violente diatribe contre l'obscurantisme, qui  assimile la France du XVIIIè à la Gaule arrièrée décrite par César... et s'achève sur une prière parodique appelant l'avènement  d'un prince philosophe (p.53-54).  L'ouvrage est  directement lisible sur ce lien:


http://books.google.fr/books?id=nJgfAAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false





        Le général de Pommereul est co-auteur du Dictionnaire universel des sciences morale, économique, politique et diplomatique ou Bibliothèque de l'homme d'Etat et du citoyen (1777-1783)ouvrage en 30 volumes, proche de l'Encyclopédie par sa conception et sa mentalité progressiste.

      Ses attaques contre le clergé et les croyances religieuses sont tout aussi virulentes dans "Etrennes  au clergé de France", "Contes Théologiques", Pièces Satiriques"  ces dernières écrites avec Voltaire et Crébillon.  Pommereul a aussi collaboré au journal fondé par l'imprimeur Panckoucke, La clef des cabinets des souverains.


 
L'EPEE OU LE CANON

Son parcours, servi par une grande habileté, une forte ambition et un certain opportunisme, n’est pas banal. Très tôt, il commence une carrière militaire dans l'artillerie à Toul. Il participe à la campagne de Corse (1768-1769). Il écrira d’ailleurs une Histoire de l'Ile de Corse en 1779 ; la sympathie qu'il affiche pour la famille Buonaparte sera récompensée par la suite.

 Le roi Louis XVI l’envoie à Naples au service du roi Ferdinand IV, roi des deux Siciles, allié de la France, afin d’y organiser l’artillerie. La Révolution le surprend à son poste à Naples ; sa femme et ses fils sont arrêtés à Rennes. Empêché de rentrer en France bien qu'il se soit très tôt prononcé en faveur de la Révolution, inscrit à son insu sur la liste des émigrés, il reste consigné en  Campanie jusqu’en 1795 ; en septembre 1796, peu après son retour, le Directoire lui propose l’inspection de l’Artillerie et le nomme général de division.


LE SERVICE de L'EMPIRE



        Après  la prise de pouvoir de Napoléon, les distinctions pleuvent :  il devient baron d'Empire . On lui confie la préfecture de l'Indre-et-Loire en 1800, il s'y montre administrateur autoritaire et combatif à l'égard du clergé et, sur ce point, il  peut  compter sur un allié fidèle, aussi anticlérical que lui, le père de Balzac ; ses querelles répétées avec l'épiscopat de Tours entraînent sa mutation en 1806 à la préfecture de Lille, plus importante encore.
      Devenu Conseiller d'Etat en 1810 , il est promu, au cours de l'année 1811, Directeur général de l’Imprimerie et de la Librairie impériales où il succède à Portalis, réputé proche du pouvoir clérical ; il le reste jusqu’en 1814. Chargé de  surveiller les  parutions  hostiles au régime impérial et de mettre au pas les imprimeries clandestines, en application des restrictions sur les libertés de presse (1810), il s'attire quelques inimitiés ;toutefois l'imprimerie fougeraise Vannier, assez nostalgique de l'Ancien Régime, lui doit sa survie.  Ainsi le défenseur des libertés d'expression  à la veille de la Révolution est devenu  grand censeur,lui qui écrivait dans "Recherches sur l'origine de l'esclavage religieux et politique du peuple en France":
          "La gêne où  l'on tient la presse et la défense d'imprimer sans permission, sans passer sous le couteau des censeurs, ne ressemble-t-elle pas à cette vieille coutume des Gaulois? Hélas, quand cesserons-nous d'être Gaulois!"



         La Restauration provoque sa chute. Il revient aux affaires publiques comme Conseiller d'Etat pendant les Cent-Jours. Son hostilité au retour de la monarchie lui vaut l'exil à Bruxelles jusqu'en 1819 ; cette même année, il fait paraître "Essai sur l'Architecture" , traduction  du critique d'art italien Milizia, précédée de sa propre réflexion sur les critères du goût.




 AU  CHATEAU DE FOUGERES


 Plan du  site du château "dédié à M. de Pommereul, capitaine au corps de l'Académie
  Royale de Marine" , 1780. Archives  municipales de Fougères.


      En 1778, Pommereul se voit confier la direction des travaux de remise en état du château de Fougères  pour l'internement des prisonniers anglais. Locataire du château depuis 1784, il en devient pleinement propriétaire " à perpétuité", par arrêté préfectoral en 1802 ; les moulins de la Tranchée, près de la porte Notre-Dame, et le four voisin sont annexés à sa propriété .

     Il a eu pour son château des vues très pragmatiques : il le rend habitable et utile : les tours  Raoul et Surienne sont transformées en quartier de caserne et en granges à fourrage...  il aurait envisagé d'en faire une demeure agréable, si l'on en croit les projets d'aménagement conservés aux Archives municipales de Fougères. Le réalisme et l'urgence l'ont emporté...

     Et pourtant, c'était un homme de goût  et  plus, un théoricien du goût, du moins dans ses écrits : n'a-t-il pas été propriétaire de l'hôtel Carnavalet, fleuron de la Renaissance, à partir de 1812 ?  Il y avait installé l'office de l'Imprimerie et de la Librairie et en a fait, pendant quelques années, sa résidence parisienne. 



 L'entrée du château, dite l'Avancée , immeuble de la cour intérieure  au XIXè,
  Médiathèque  de Fougères.


    Jusqu'en 1891, le château est resté propriété privée de la famille  de Pommereul (3ème génération ). Il était en ruine quand elle l'a mis en vente ; la Ville de Fougères l'a acquis en 1892, sur l'insistance d'Albert Durand, sensible à la valeur du patrimoine médiéval.










        Sur la fin de sa vie, il séjourne de temps à autre au château de Marigny, en Saint-Germain-en-Coglès, ancienne résidence de la soeur de Chateaubriand, acquise en 1810. Il meurt à Paris en 1823 et est inhumé dans la  chambre funéraire de la chapelle de Marigny.

 Son "Histoire de Fougères" est restée inachevée mais il nous a laissé  ses "Notes historiques sur la ville de Fougères"(1769) , manuscrit conservé à la Médiathèque de Fougères ,  un bref récit de sa  carrière  sur quelques pages manuscrites, en forme de" plaidoyer pro domo" alors que des individus malveillants  l'accusaient à tort d'avoir soutenu la conjuration du général Malet contre l'Empereur (1812) et  une oeuvre  fort importante, autant de sillons d'Histoire , aujourd'hui recouverts par l'oubli.


    Chateaubriand, qui avait rencontré le général de Pommereul, écrit sur lui quelques lignes assez venimeuses dans  «Mémoires d’outre-tombe » 
       "  Plusieurs bretons étaient au nombre des convives, entre autres le chevalier de Guer et Pommereul. Celui-ci était un beau parleur, lequel a écrit quelques campagnes de Bonaparte, et que j’étais destiné à retrouver à la tête de la librairie.
Pommereul, sous l’Empire, a joui d’une sorte de renom par sa haine pour la noblesse. Quand un gentilhomme s’était fait chambellan, il s’écriait plein de joie : « Encore un pot de chambre sur la tête de ces nobles ! » Et pourtant Pommereul prétendait, et avec raison, être gentilhomme. Il signait Pommereux, se faisant descendre de la famille Pommereux des Lettres de Mme de Sévigné."


 François -René de Pommereul est resté un  homme de compromis et de contradiction qui  a  suscité  autant d'éloges  que de réprobations.
 



 A l'occasion de la Sainte Barbe,patronne des artilleurs, hommage de la ville de Naples "au mérite toujours grand de François de Pommereul, chevalier  de l'Ordre  royal et militaire de Saint-Louis", ... en forme de sonnet,1789.  Amusant pastiche des Psaumes, quand on pense au destinataire.... Archives de Fougères.


                                               Texte et images: Jean-Paul Gallais.

                                                                                           Images protégées. 
    
  A suivre: F-R de Pommereul II, l'amateur d'art et le bibliophile.

vendredi 27 janvier 2012

PERSONNAGES D'HISTOIRE: le Général de La Riboisière.

LE GENERAL DE LA RIBOISIERE



 La  statue du Général,oeuvre de Récipon, 1893 (collection JPG)





            "Le cheval va revenir !" : c'est souvent ce qu'on a pu entendre en ville après que la municipalité fougeraise eut décidé de replacer la réplique exacte de la statue équestre du Général Comte Jean Baston de La Riboisière sur la place où elle avait été érigée à la suite d'une souscription populaire .
  La statue du Général, lourde de ses cinq tonnes de bronze ,était arrivée en gare de Fougères le 23 Juin 1893.  Accueillie par une foule enthousiaste, elle est conduite  sur la Place- aux -Blés pour y être installée sur le socle de granit  taillé dans les ateliers Larcher  à Louvigné-du- Désert ; elle y trône jusqu'en 1942, sinistre époque de l'Occupation où elle est enlevée pour être fondue sur l'ordre des autorités allemandes.
            Fort heureusement, les moulages avaient été conservés, de sorte que l'œuvre nouvelle,réalisée par le célèbre sculpteur d'Ernée Louis DERBRE (1925-2011), est en tous points semblable à celle produite par le sculpteur parisien  RECIPON ; les vieux Fougerais nostalgiques de leur statue pourraient s'y méprendre.




                                        
 Epreuves en plâtre réalisées pour le concours de 1890
 exposées  dans la tour Surienne de1999 à 2007.
 Collection des Archives  municipales, Fougères.

            La statue attirait tous les regards. Ne la considérait-on pas comme la plus belle de tout le département ! Le cheval, malgré sa qualité artistique, avait cependant un petit défaut puisqu'un petit trou était resté apparent du côté de la queue ; ce qui n'avait pas échappé‚ aux écoliers du quartier qui, après les cours, s'exerçaient à viser cette cible saugrenue avec des petits cailloux et que les Allemands retrouvèrent sans doute lors de la fusion de l'illustre bronze.


Un Héros de l'épopée napoléonienne


            Quoiqu'il en soit et quoi qu'on en ait dit, on ne peut occulter ni l'Histoire, ni les hommes et, en la circonstance, celui qui chevauchait ce beau destrier : notre concitoyen le Général Lariboisière qui reste un grand et fidèle soldat. A travers lui, on ne peut oublier non plus sa famille : son fils Honoré, sa belle-fille Elisa Roy, son petit-fils Ferdinand qui, par leur action politique, humaniste et progressiste marquèrent tant de leur empreinte nos pays de Fougères et de Louvigné et laissèrent le souvenir d'une famille unanimement estimée et respectée.

            Petit-fils d'Ambroise Baston, sieur de Bonnefontaine, conseiller du roi à Fougères et fils de Maître Ambroise Baston, lieutenant général civil et criminel de la sénéchaussée de Fougères, Jean Ambroise BASTON est né à Fougères le 18 août 1759 au n° 41 de la rue de la Forêt. Il descend d'une vieille famille du Poitou, installée à Fougères depuis le XVème  siècle dont une des branches prit le nom de sa terre de La Riboisière située en la commune de Romagné. Le jeune Lariboisière fait ses études au collège Saint-Yves de Fougères, rue de la Pinterie, avant de fréquenter celui de Rennes où il entre après le décès de ses parents en 1774. 
            En 1780, il est admis à l'école militaire de La Fère,ancienne place forte de l'Aisne,. Lieutenant en 1785, il rejoint Valence où il fait la connaissance d'un jeune officier corse au nom bizarre : Buonaparte. Les deux hommes, commensaux de l'Hôtel des Trois-Pigeons, se lient d'une amitié qui se révèlera indéfectible. En 1786, Lariboisière se marie à Fougères avec Marie Jeanne Le Beschu de la Rallaye-Chansavin, fille d'un conseiller du roi. Le marquis de la Rouërie, la famille du Bois-Guy et bien d'autres assistent à la noce. Trois enfants naîtront de cette union.



 Les heures glorieuses


            Peu de temps après son mariage, le lieutenant Lariboisière est envoyé à Douai, puis à Auxonne. Le 1er avril 1791, il rejoint le 5ème Régiment d'Artillerie à Strasbourg avec rang de capitaine. En 1792, il participe à la prise de Mayence aux côtés du général Custine. Chef de bataillon en 1793, Lariboisière est nommé l'année suivante sous-directeur de l'Artillerie à Landau en Allemagne. En trois mois, sa compétence, son sens de l'organisation remettent en état le matériel et les équipements des hommes de l'Armée de Sambre et Meuse alors dépourvue d'équipages et de chevaux. Son humanité sera reconnue par ses artilleurs qui l'appelleront familièrement "Papa Lariboisière".

            Colonel en 1796, Directeur de l'Artillerie en 1798, Lariboisière est chargé de réorganiser les approvisionnements et d'aménager les Services, ce dont il s'acquitte avec génie. On le retrouve à la bataille de Zurich avec Masséna. Général de brigade en 1803, il est muté à l'Armée de Boulogne et promu chevalier de la Légion d'Honneur. En 1805, Lariboisière commande l'artillerie de Soult et dirige le feu à Austerlitz, puis il rejoint la Grande Armée et reçoit une blessure à Iéna. Promu général de division en 1807, il commande l'Artillerie de la Garde Impériale à la bataille d'Eylau après laquelle il reçoit l'insigne de Grand Officier de la Légion d'Honneur. Il prend part à la prise de Dantzig avec le maréchal Lefèbvre, à la bataille de Friedland et à la signature de la paix de Tilsitt. Il est nommé gouverneur du Hanovre, poste qu'il occupe avec ordre et désintéressement jusqu'en 1808. Lors de son départ, il refuse la somme d'argent qu'on voulait lui offrir et accepte seulement quelques boutures du jardin botanique qui se retrouvent de nos jours sous la forme d'arbres magnifiques dans le parc du château de Monthorin à Louvigné.




 Château de Monthorin, Louvigné-du-Désert.( collection M Hodebert)
 
     Il rejoint alors l'Armée d'Espagne et reçoit le titre de comte d'Empire. Au cours de la bataille de Somo-Sierra, alors que Napoléon doit changer trois fois de cheval, l'Empereur s'étonne de voir Lariboisière toujours avec le même. "Sire, lui répond notre Fougerais, c'est un cheval breton !" Puis c'est Essling, Aspern et Wagram où les canons de Lariboisière sont déterminants. Son fils Ferdinand est chargé de porter la nouvelle de la victoire à Joséphine tandis que Lariboisière est nommé Premier Inspecteur Général de l'Artillerie. Il a toute la confiance de l'Aigle et a le privilège de bénéficier des mêmes entrées dans les palais impériaux que les officiers de la Maison Impériale.



  Le  désastre de la  Campagne de Russie



            C'est en vain qu'il essaya de dissuader Napoléon de s'engager dans la campagne de Russie. En 1812, Lariboisière est nommé Commandant en chef de l'Artillerie tandis que les troupes vaillantes mais affamées font reculer les Russes qui se retirent en brûlant tout sur leur passage. Le Fougerais pense qu'on va à la catastrophe ; il n'est pas le seul : Ney, Murat, Berthier sont de ceux-là, mais c'est Lariboisière qui affronte la colère de l'empereur, sans succès car celui-ci refuse obstinément d'entendre raison et exige de reprendre la route de Moscou. Voici la bataille de la Moscova au cours de laquelle Ferdinand de Lariboisière est tué. La mort de son fils aîné a été  un coup terrible pour le général; . "La balle qui a tué mon fils va priver la Patrie de deux bons serviteurs" dit-il en recevant la nouvelle. De fait, le général qui a pris froid par des températures de -30° tombe malade.
 Le 15 septembre 1812, Napoléon entre dans Moscou incendiée ; le 19 octobre commence, dans des conditions effroyables, la terrible Retraite de Russie ; le 25 novembre ce qu'il reste de la Grande Armée se trouve devant la Bérézina. L'état de santé de Lariboisière s'aggrave. Enfin, en décembre, c'est une armée de spectres qui parvient à Koenigsberg en Prusse orientale. C'est là que la mort emporte le général Lariboisière, le 21 décembre 1812.
            Son corps est ramené en France par ses aides de camp et inhumé aux Invalides avec celui de son fils Ferdinand, le 16 février 1813. Son cœur est déposé dans la chapelle de Monthorin et son nom est gravé en lettres d'or sur l'Arc-de-Triomphe de la Place de l'Etoile à Paris.

            Le général Lariboisière ne verra pas l'effondrement de l'Empire qu'il avait cependant pressenti. "La fortune m'a ébloui, j'ai été à Moscou où j'ai cru signer la paix, j'y suis resté trop longtemps !" avouera Napoléon à ses ministres. Peut-être aurait-il dû écouter le conseil de l'ami sincère qui soupait avec lui autrefois à l'hôtel des Trois-Pigeons de Valence. Il aurait ainsi, en tous les cas, épargné bien des souffrances et bien des vies.

                                                                                              Marcel. HODEBERT

 
 La comtesse Baston de la Riboisière, épouse du Général , devant le buste
 de son mari, par Alfred Johannot (1800-1837) .
 Collection des Archives municipales,Fougères.