COMMEMORATION de la mort d'Anne de Bretagne
Musée de Bretagne, Les Champs Libres :
Anne au coeur de Rennes
L'héritage d'Anne de Bretagne dans les collections du musée.
Bourdichon, Grandes Heures, BNF 9474 |
Fille de François II et de Marguerite de Foix, Anne de Bretagne est née à Nantes le 25 janvier 1477. Duchesse de Bretagne à 11 ans, elle est couronnée dans la cathédrale Saint-Pierre de Rennes le 10 février1489.Après un premier mariage par procuration avec Maximilien d'Autriche(mars1490), elle accepte d'épouser l'année suivante, le roi de France Charles VIII, vainqueur du conflit franco-breton après la défaîte de Saint-Aubin-du-Cormier, la prise de Nantes et le siège de Rennes.Anne perd l'administration de son duché.Le 8 février 1492,elle est sacrée reine de France à Saint-Denis.
Le décès accidentel de Charles VIII survient en 1498, elle reprend son titre de duchesse de Bretagne, rétablit Philippe de Montauban dans sa charge de chancelier de Bretagne et exerce son pouvoir sur le duché. Le nouveau roi de France, Louis XII, l'épouse au château de Nantes en janvier 1499.
De cette union, deux filles survivent : Claude de France qui épouse, contre la volonté de la reine, le futur roi François Ier en mai 1514 et Renée de France, mariée au duc de Ferrare, Hercule II d'Este.
Anne de Bretagne s'éteint le 9 janvier 1514 à Blois, à l'âge de 37 ans. Cérémonies et cortège funèbres durent 40 jours. Les funérailles d'Anne de Bretagne à Blois, Saint-Denis et Nantes ont fait le sujet de nombreux récits, le plus célèbre est le manuscrit enluminé de Pierre Choque, son héraut d'armes. Elles sont également rapportées par Brantôme.
Le manuscrit enluminé de Pierre Choque, conservé à la bibliothèque de Rennes est accessible sur le site:
TABLETTES RENNAISES
Il est possible de le feuilleter:
L'une des enluminures: la parhélie de janvier 1514 |
La légende a beaucoup brodé sur le rôle politique et diplomatique d'Anne de Bretagne, surtout dans la seconde moitié du XIXe: on a vu en elle une protectrice des intérêts bretons, et même un symbole du particularisme provincial. Bien que le personnage soit très controversé, les historiens s'accordent sur l'attachement qu'elle avait pour la Bretagne et l'importance qu'elle donnait au raffinement de la cour royale et à son rôle de mécène, fidèle à la tradition princière à l'aube de la Renaissance française.
Anne de Bretagne exigeait de ses nombreuses dames de cour l'élégance et la distinction de l'âme et de l'esprit, comme l'affirme Brantôme. Elle était entourée de poètes de cour (Jean Marot et quelques grands rhétoriqueurs) de ménestrels et de musiciens, de chroniqueurs (l'historien Pierre Le Baud de Vitré qui fut son aumônier et conseiller, Lemaire de Belges, historiographe de Louis XII au service de la reine après 1512, Alain Bouchart, auteur des Grandes Croniques de Bretaigne) et tous avaient à cœur de réjouir et de célébrer le roi et la reine, à une époque où la faveur royale conditionnait la pratique artistique. En 1512, Germain de Brie, lui dédie un grand poème épique en latin évoquant le dernier combat du navire de la reine La Cordelière contre la flotte anglaise.
Elle tenait de son père François II le goût du luxe et possédait une des plus belles collections princières : outre l'héritage des ducs de Bretagne, elle avait reçu celui de Charles VIII qui l'avait comblée. Anne de Bretagne comptait dans ses collections de nombreuses pierres précieuses, des parures de table (salière, alors privilège royal et nefs de table) des pièces d'orfèvrerie religieuse, un nombre impressionnant de tapisseries grandioses et ces parures l'accompagnaient lors des déplacements de la cour. Les inventaires d'Anne de Bretagne conservés aujourd'hui à la BNF (fonds des Blancs-Manteaux, 22335) sont éloquents:
inventaire d'Anne de Bretagne
Elle a fait achever l'oeuvre de reconstruction de son père au chàteau de Nantes (Grand Logis et Tour de la Couronne d'or), les édifices ou monuments religieux qu'il avait patronnés comme la cathédrale de Quimper, la chapelle du Pénity à Locronan ; le retable de Notre-Dame dans l'église Saint-Sulpice de Fougères commencé par François II est terminé sous son règne et béni en 1503,il porte en son centre l'écusson de François II et, sur sa droite, celui d'Anne de Bretagne parti de France et de Bretagne.Elle-même fait édifier vers 1508 la chapelle de Grâces près de Guingamp.Plusieurs cités et ordres religieux bénéficient de ses libéralités.
Son goût esthétique est à l'origine de monuments de commande remarquables où la Renaissance italienne a imprimé sa marque:le tombeau de ses parents à Nantes par Michel Colombe sur un dessin de Jean Perréal, celui de ses fils par Pacherotti (Jérôme Pacherot)à Tours.
Par ses commandes,elle a soutenu la création artistique,conformément à la tradition du mécénat royal : plusieurs livres d'Heures enluminés ont été réalisés à sa demande. Les peintres Jean Poyet et Jean Bourdichon ont été sollicités. Avec les Grandes Heures,œuvre somptueuse(1),réalisée entre 1503 et 1508, quatre années de passion, l'enluminure atteint des sommets et marque " la fin triomphale de l'art millénaire de la miniature", selon l'expression d'Emile Mâle.
Feuilleter les manuscrits enluminés:
Anne de Bretagne exigeait de ses nombreuses dames de cour l'élégance et la distinction de l'âme et de l'esprit, comme l'affirme Brantôme. Elle était entourée de poètes de cour (Jean Marot et quelques grands rhétoriqueurs) de ménestrels et de musiciens, de chroniqueurs (l'historien Pierre Le Baud de Vitré qui fut son aumônier et conseiller, Lemaire de Belges, historiographe de Louis XII au service de la reine après 1512, Alain Bouchart, auteur des Grandes Croniques de Bretaigne) et tous avaient à cœur de réjouir et de célébrer le roi et la reine, à une époque où la faveur royale conditionnait la pratique artistique. En 1512, Germain de Brie, lui dédie un grand poème épique en latin évoquant le dernier combat du navire de la reine La Cordelière contre la flotte anglaise.
Elle tenait de son père François II le goût du luxe et possédait une des plus belles collections princières : outre l'héritage des ducs de Bretagne, elle avait reçu celui de Charles VIII qui l'avait comblée. Anne de Bretagne comptait dans ses collections de nombreuses pierres précieuses, des parures de table (salière, alors privilège royal et nefs de table) des pièces d'orfèvrerie religieuse, un nombre impressionnant de tapisseries grandioses et ces parures l'accompagnaient lors des déplacements de la cour. Les inventaires d'Anne de Bretagne conservés aujourd'hui à la BNF (fonds des Blancs-Manteaux, 22335) sont éloquents:
inventaire d'Anne de Bretagne
Elle a fait achever l'oeuvre de reconstruction de son père au chàteau de Nantes (Grand Logis et Tour de la Couronne d'or), les édifices ou monuments religieux qu'il avait patronnés comme la cathédrale de Quimper, la chapelle du Pénity à Locronan ; le retable de Notre-Dame dans l'église Saint-Sulpice de Fougères commencé par François II est terminé sous son règne et béni en 1503,il porte en son centre l'écusson de François II et, sur sa droite, celui d'Anne de Bretagne parti de France et de Bretagne.Elle-même fait édifier vers 1508 la chapelle de Grâces près de Guingamp.Plusieurs cités et ordres religieux bénéficient de ses libéralités.
Tombeau de François II et Marguerite de Foix, statues des quatre Vertus: la Justice. Cathédrale de Nantes. |
Son goût esthétique est à l'origine de monuments de commande remarquables où la Renaissance italienne a imprimé sa marque:le tombeau de ses parents à Nantes par Michel Colombe sur un dessin de Jean Perréal, celui de ses fils par Pacherotti (Jérôme Pacherot)à Tours.
Par ses commandes,elle a soutenu la création artistique,conformément à la tradition du mécénat royal : plusieurs livres d'Heures enluminés ont été réalisés à sa demande. Les peintres Jean Poyet et Jean Bourdichon ont été sollicités. Avec les Grandes Heures,œuvre somptueuse(1),réalisée entre 1503 et 1508, quatre années de passion, l'enluminure atteint des sommets et marque " la fin triomphale de l'art millénaire de la miniature", selon l'expression d'Emile Mâle.
Feuilleter les manuscrits enluminés:
GRANDES HEURES, Jean Bourdichon
Au décès de la reine le 9 janvier 1514, les hommages des grands et du peuple sont unanimes. Les poètes se répandent en éloges : épitaphes, rondeaux, panégyriques, pièces de circonstance sans doute,pour une part sincères,fleurissent sa mémoire. La relation des obsèques et les hommages à la Reine ont été réunis par Pierre Choque, son héraut d'armes, à la demande de Louis XII dans Commémorations et Advertissement de la mort d'Anne de bretagne, ouvrage de huit-cents vers...
Par son esprit ouvert au nouvel art de vivre venu d'Italie, sa sensibilité artistique et ses libéralités, Anne de Bretagne a participé à l'essor du mécénat ducal, sans égaler sans doute l'aura de la toute-puissante Marguerite d'Autriche autour de qui gravitaient parfois les mêmes artistes.
Note1: Les Grandes Heures sont constituées de 238 folios : 52 peintures à l'origine, un calendrier évoquant les travaux des mois sur fond de page, un herbier de fleurs et plantes en pied habitées d'insectes disposé en marge du texte, soit 307 bordures florales.
Sources:
- Leguay Jean-Pierre., Martin Hervé, Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1213-1532. Ouest-France Université, 1982.
- Girault Pierre-Yves, Les funérailles d'Anne de Bretagne, reine de France éditions Gourcuff Gradenigo, 2014.
-Avril Françoise, Reynaud Nicole, les manuscrits à peinture en France, 1440-1520, Bibliothèque Nationale, 1993.