La statue du Général,oeuvre de Récipon, 1893 (collection JPG)
"Le cheval va revenir !" : c'est souvent ce qu'on a pu entendre en ville après que la municipalité fougeraise eut décidé de replacer la réplique exacte de la statue équestre du Général Comte Jean Baston de La Riboisière sur la place où elle avait été érigée à la suite d'une souscription populaire .
La statue du Général, lourde de ses cinq tonnes de bronze ,était arrivée en gare de Fougères le 23 Juin 1893. Accueillie par une foule enthousiaste, elle est conduite sur la Place- aux -Blés pour y être installée sur le socle de granit taillé dans les ateliers Larcher à Louvigné-du- Désert ; elle y trône jusqu'en 1942, sinistre époque de l'Occupation où elle est enlevée pour être fondue sur l'ordre des autorités allemandes.
La statue du Général, lourde de ses cinq tonnes de bronze ,était arrivée en gare de Fougères le 23 Juin 1893. Accueillie par une foule enthousiaste, elle est conduite sur la Place- aux -Blés pour y être installée sur le socle de granit taillé dans les ateliers Larcher à Louvigné-du- Désert ; elle y trône jusqu'en 1942, sinistre époque de l'Occupation où elle est enlevée pour être fondue sur l'ordre des autorités allemandes.
Fort heureusement, les moulages avaient été conservés, de sorte que l'œuvre nouvelle,réalisée par le célèbre sculpteur d'Ernée Louis DERBRE (1925-2011), est en tous points semblable à celle produite par le sculpteur parisien RECIPON ; les vieux Fougerais nostalgiques de leur statue pourraient s'y méprendre.
Epreuves en plâtre réalisées pour le concours de 1890
exposées dans la tour Surienne de1999 à 2007.
Collection des Archives municipales, Fougères.
La statue attirait tous les regards. Ne la considérait-on pas comme la plus belle de tout le département ! Le cheval, malgré sa qualité artistique, avait cependant un petit défaut puisqu'un petit trou était resté apparent du côté de la queue ; ce qui n'avait pas échappé‚ aux écoliers du quartier qui, après les cours, s'exerçaient à viser cette cible saugrenue avec des petits cailloux et que les Allemands retrouvèrent sans doute lors de la fusion de l'illustre bronze.
Un Héros de l'épopée napoléonienne
Quoiqu'il en soit et quoi qu'on en ait dit, on ne peut occulter ni l'Histoire, ni les hommes et, en la circonstance, celui qui chevauchait ce beau destrier : notre concitoyen le Général Lariboisière qui reste un grand et fidèle soldat. A travers lui, on ne peut oublier non plus sa famille : son fils Honoré, sa belle-fille Elisa Roy, son petit-fils Ferdinand qui, par leur action politique, humaniste et progressiste marquèrent tant de leur empreinte nos pays de Fougères et de Louvigné et laissèrent le souvenir d'une famille unanimement estimée et respectée.
Petit-fils d'Ambroise Baston, sieur de Bonnefontaine, conseiller du roi à Fougères et fils de Maître Ambroise Baston, lieutenant général civil et criminel de la sénéchaussée de Fougères, Jean Ambroise BASTON est né à Fougères le 18 août 1759 au n° 41 de la rue de la Forêt. Il descend d'une vieille famille du Poitou, installée à Fougères depuis le XVème siècle dont une des branches prit le nom de sa terre de La Riboisière située en la commune de Romagné. Le jeune Lariboisière fait ses études au collège Saint-Yves de Fougères, rue de la Pinterie, avant de fréquenter celui de Rennes où il entre après le décès de ses parents en 1774.
En 1780, il est admis à l'école militaire de La Fère,ancienne place forte de l'Aisne,. Lieutenant en 1785, il rejoint Valence où il fait la connaissance d'un jeune officier corse au nom bizarre : Buonaparte. Les deux hommes, commensaux de l'Hôtel des Trois-Pigeons, se lient d'une amitié qui se révèlera indéfectible. En 1786, Lariboisière se marie à Fougères avec Marie Jeanne Le Beschu de la Rallaye-Chansavin, fille d'un conseiller du roi. Le marquis de la Rouërie, la famille du Bois-Guy et bien d'autres assistent à la noce. Trois enfants naîtront de cette union.
Les heures glorieuses
En 1780, il est admis à l'école militaire de La Fère,ancienne place forte de l'Aisne,. Lieutenant en 1785, il rejoint Valence où il fait la connaissance d'un jeune officier corse au nom bizarre : Buonaparte. Les deux hommes, commensaux de l'Hôtel des Trois-Pigeons, se lient d'une amitié qui se révèlera indéfectible. En 1786, Lariboisière se marie à Fougères avec Marie Jeanne Le Beschu de la Rallaye-Chansavin, fille d'un conseiller du roi. Le marquis de la Rouërie, la famille du Bois-Guy et bien d'autres assistent à la noce. Trois enfants naîtront de cette union.
Les heures glorieuses
Peu de temps après son mariage, le lieutenant Lariboisière est envoyé à Douai, puis à Auxonne. Le 1er avril 1791, il rejoint le 5ème Régiment d'Artillerie à Strasbourg avec rang de capitaine. En 1792, il participe à la prise de Mayence aux côtés du général Custine. Chef de bataillon en 1793, Lariboisière est nommé l'année suivante sous-directeur de l'Artillerie à Landau en Allemagne. En trois mois, sa compétence, son sens de l'organisation remettent en état le matériel et les équipements des hommes de l'Armée de Sambre et Meuse alors dépourvue d'équipages et de chevaux. Son humanité sera reconnue par ses artilleurs qui l'appelleront familièrement "Papa Lariboisière".
Colonel en 1796, Directeur de l'Artillerie en 1798, Lariboisière est chargé de réorganiser les approvisionnements et d'aménager les Services, ce dont il s'acquitte avec génie. On le retrouve à la bataille de Zurich avec Masséna. Général de brigade en 1803, il est muté à l'Armée de Boulogne et promu chevalier de la Légion d'Honneur. En 1805, Lariboisière commande l'artillerie de Soult et dirige le feu à Austerlitz, puis il rejoint la Grande Armée et reçoit une blessure à Iéna. Promu général de division en 1807, il commande l'Artillerie de la Garde Impériale à la bataille d'Eylau après laquelle il reçoit l'insigne de Grand Officier de la Légion d'Honneur. Il prend part à la prise de Dantzig avec le maréchal Lefèbvre, à la bataille de Friedland et à la signature de la paix de Tilsitt. Il est nommé gouverneur du Hanovre, poste qu'il occupe avec ordre et désintéressement jusqu'en 1808. Lors de son départ, il refuse la somme d'argent qu'on voulait lui offrir et accepte seulement quelques boutures du jardin botanique qui se retrouvent de nos jours sous la forme d'arbres magnifiques dans le parc du château de Monthorin à Louvigné.
Château de Monthorin, Louvigné-du-Désert.( collection M Hodebert) |
Il rejoint alors l'Armée d'Espagne et reçoit le titre de comte d'Empire. Au cours de la bataille de Somo-Sierra, alors que Napoléon doit changer trois fois de cheval, l'Empereur s'étonne de voir Lariboisière toujours avec le même. "Sire, lui répond notre Fougerais, c'est un cheval breton !" Puis c'est Essling, Aspern et Wagram où les canons de Lariboisière sont déterminants. Son fils Ferdinand est chargé de porter la nouvelle de la victoire à Joséphine tandis que Lariboisière est nommé Premier Inspecteur Général de l'Artillerie. Il a toute la confiance de l'Aigle et a le privilège de bénéficier des mêmes entrées dans les palais impériaux que les officiers de la Maison Impériale.
Le désastre de la Campagne de Russie
C'est en vain qu'il essaya de dissuader Napoléon de s'engager dans la campagne de Russie. En 1812, Lariboisière est nommé Commandant en chef de l'Artillerie tandis que les troupes vaillantes mais affamées font reculer les Russes qui se retirent en brûlant tout sur leur passage. Le Fougerais pense qu'on va à la catastrophe ; il n'est pas le seul : Ney, Murat, Berthier sont de ceux-là, mais c'est Lariboisière qui affronte la colère de l'empereur, sans succès car celui-ci refuse obstinément d'entendre raison et exige de reprendre la route de Moscou. Voici la bataille de la Moscova au cours de laquelle Ferdinand de Lariboisière est tué. La mort de son fils aîné a été un coup terrible pour le général; . "La balle qui a tué mon fils va priver la Patrie de deux bons serviteurs" dit-il en recevant la nouvelle. De fait, le général qui a pris froid par des températures de -30° tombe malade.
Le désastre de la Campagne de Russie
C'est en vain qu'il essaya de dissuader Napoléon de s'engager dans la campagne de Russie. En 1812, Lariboisière est nommé Commandant en chef de l'Artillerie tandis que les troupes vaillantes mais affamées font reculer les Russes qui se retirent en brûlant tout sur leur passage. Le Fougerais pense qu'on va à la catastrophe ; il n'est pas le seul : Ney, Murat, Berthier sont de ceux-là, mais c'est Lariboisière qui affronte la colère de l'empereur, sans succès car celui-ci refuse obstinément d'entendre raison et exige de reprendre la route de Moscou. Voici la bataille de la Moscova au cours de laquelle Ferdinand de Lariboisière est tué. La mort de son fils aîné a été un coup terrible pour le général; . "La balle qui a tué mon fils va priver la Patrie de deux bons serviteurs" dit-il en recevant la nouvelle. De fait, le général qui a pris froid par des températures de -30° tombe malade.
Le 15 septembre 1812, Napoléon entre dans Moscou incendiée ; le 19 octobre commence, dans des conditions effroyables, la terrible Retraite de Russie ; le 25 novembre ce qu'il reste de la Grande Armée se trouve devant la Bérézina. L'état de santé de Lariboisière s'aggrave. Enfin, en décembre, c'est une armée de spectres qui parvient à Koenigsberg en Prusse orientale. C'est là que la mort emporte le général Lariboisière, le 21 décembre 1812.
Son corps est ramené en France par ses aides de camp et inhumé aux Invalides avec celui de son fils Ferdinand, le 16 février 1813. Son cœur est déposé dans la chapelle de Monthorin et son nom est gravé en lettres d'or sur l'Arc-de-Triomphe de la Place de l'Etoile à Paris.
Le général Lariboisière ne verra pas l'effondrement de l'Empire qu'il avait cependant pressenti. "La fortune m'a ébloui, j'ai été à Moscou où j'ai cru signer la paix, j'y suis resté trop longtemps !" avouera Napoléon à ses ministres. Peut-être aurait-il dû écouter le conseil de l'ami sincère qui soupait avec lui autrefois à l'hôtel des Trois-Pigeons de Valence. Il aurait ainsi, en tous les cas, épargné bien des souffrances et bien des vies.
Marcel. HODEBERT
La comtesse Baston de la Riboisière, épouse du Général , devant le buste de son mari, par Alfred Johannot (1800-1837) . Collection des Archives municipales,Fougères. |