La première " Vie du bienheureux Vital " est une oeuvre en latin écrite par Etienne de Fougères, ecclésiastique et poète auteur du "Livre des manières", chanoine de la collégiale Saint-Evroult de Mortain avant d'être évêque de Rennes de 1168 à 1178 ; lui-même fréquentait beaucoup Savigny . Sur l'encouragement de Jocelin, abbé du monastère de Savigny, il a consenti à écrire la " Vita beati Vitalis " sans déroger aux codes qu'implique le genre hagiographique destiné à édifier et porté au merveilleux. Il s'est appuyé sur des témoignages oraux et sur le Rouleau mortuaire de saint Vital (1). La vie de saint Vital et celle des saints de Savigny ont inspiré beaucoup de biographes ; au XVIIIème, dom Claude Auvry, prieur de Savigny, a écrit une "Histoire de la Congrégation de Savigny" et compilé plusieurs récits traditionnels sur saint Vital ; ce manuscrit original, par ailleurs imprimé, est toujours conservé à la médiathèque de Fougères (Ms VII). Ces récits de vie greffés sur Etienne de Fougères et sur le Rouleau mortuaire de saint Vital, relus, revisités par Hippolyte Sauvage "Saint Vital et l'abbaye de Savigny "en 1895 et par de nombreux chercheurs plus récemment composent un long palimpseste d'où les zones d'ombre n'ont pas totalement disparu.
Vital est né vers 1050 à Tierceville près de Bayeux dans une famille noble de moyenne fortune ; en raison de ses qualités intellectuelles et de ses dispositions spirituelles, on l'envoie étudier à l'université de Liège. Remarqué pour sa piété, il a été pressenti pour la prêtrise par l'évêque de Bayeux, Odon de Conteville. Devenu prêtre, il est appelé par le comte Robert de Mortain qui souhaite en faire son chapelain, en même temps il est chanoine de la collégiale Saint-Evroult.
LE CHOIX DE LA VIE EREMITIQUE
LE CHOIX DE LA VIE EREMITIQUE
En 1093 , après plusieurs années passées à la cour du comte de Mortain, Vital décide de quitter le monde et de distribuer ses biens pour se retirer en ermite dans les rochers du Neufbourg, près de la cité .
De là, il rejoint les ermites de la forêt de Craon, devenue le refuge de nombreux ascètes à tel point qu'on l'a appelée la "Thébaïde du Maine". Robert d'Arbrissel, futur fondateur des abbayes de la Roë et de Fontevraud y rayonnait déjà par la richesse de sa prédication, de même Raoul de la Futaie, fondateur de l'abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt près de Rennes. Bernard d'Abbeville, plus connu sous le nom de Bernard de Tiron ne tarde pas à les rejoindre.
L'EXIGENCE EVANGELIQUE A LA LETTRE
Le ministère de la prédication: moine enseignant, maître-autel, église de Savigny. |
D'après Dom Auvry, il a participé en 1102 au Concile de Londres réuni par saint Anselme, archevêque de Cantorbéry dans le cadre de la réforme grégorienne : "pour rétablir la pureté des moeurs parmi les fidèles et dans le clergé". Son message est vivant, incisif et intransigeant : "il était incapable de déguiser la vérité ni par la crainte ni par la faveur des puissants" écrit Dom Claude Auvry.
A son retour, il souhaite s'isoler dans la forêt de Fougères et s'impose un mode de vie très austère. Son aura attire d'autres ermites : parmi eux se trouve Bernard de Tiron qui choisit le site depuis lors appelé le " Chênedet" et lui-aussi est suivi de nombreux adeptes. Le comte de Fougères, Raoul Ier, craignant pour la tranquillité de ses terrains de chasse favoris, demande à Vital de s'installer avec sa petite communauté d'ascètes sur une partie de ses possessions de la forêt de Savigny.
Eglise du Neufbourg près de Mortain : saint Vital et sainte Adeline font l'offrande de leur fondation. |
Entre-temps, Vital aurait fondé en 1105 le monastère de la Sainte Trinité au Neufbourg avec l'aide de sa parente Adeline. Au cours de ces années, il implante un ermitage à Dompierre en Mantilly dans l'Orne, non loin de Savigny . Plusieurs moines le suivent dans ce vallon retiré de la forêt de Passais où sinue une petite rivière, la Colmont. Cet ermitage devient le prieuré de Dompierre en 1119, quand le roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc lui octroie quelques terres.
Mantilly : état actuel de l'ancien prieuré de Dompierre (propriété privée)
décrit dans l'ouvrage d'Hippolyte Sauvage Saint Vital et l'abbaye de Savigny consultable sur le site de la BNF p.42 en ouvrant le lien qui suit:
Voilà qu'en 1106 un conflit oppose deux fils de Guillaume le Conquérant : Robert Courteheuse, duc de Normandie et Henri Beauclerc, roi d'Angleterre: Vital s'interpose en vain, il ne peut empêcher la bataille de Tinchebray et, comme il se trouve lié aux comtes de Mortain, les grands perdants, les terres attachées à la fondation de la Trinité du Neufbourg lui sont confisquées.
L A FONDATION DE L'ABBAYE DE SAVIGNY
Vers 1108, Vital crée un ermitage dans la forêt de Savigny, il est entouré d'une communauté d'ascètes ; la même année, Bernard de Tiron quitte son ermitage de "Chênedet" et se dirige vers la forêt de Savigny où il retrouve Vital et les siens, pour peu de temps car Bernard s'en va fonder son abbaye à Tiron, près de Nogent-le-Rotrou.
Vers 1108, Vital crée un ermitage dans la forêt de Savigny, il est entouré d'une communauté d'ascètes ; la même année, Bernard de Tiron quitte son ermitage de "Chênedet" et se dirige vers la forêt de Savigny où il retrouve Vital et les siens, pour peu de temps car Bernard s'en va fonder son abbaye à Tiron, près de Nogent-le-Rotrou.
C'est en 1112 que le comte de Fougères Raoul Ier octroie officiellement la forêt de Savigny à Vital qui lui en a fait la demande, cette donation est confirmée par le duc de Normandie, roi d'Angleterre, Henri Ier Beauclerc en mars 1113.
La communauté s'organise et s'agrandit , on construit une première église de bois; Vital donne à cette communauté la règle de saint Benoît. A quelques centaines de mètres, au lieu-dit "la Prise aux Nonnes", on pose les bases d'une communauté des femmes, à l'image des abbayes doubles fondées par Robert d'Arbrissel.
Vital mène de front sa fondation et son apostolat: il n'a pas renoncé au ministère de la parole et, en 1119, il aurait encore participé au concile de Reims .
Il s'éteint au prieuré de Dompierre en 1122, pendant l'office.
Vital mène de front sa fondation et son apostolat: il n'a pas renoncé au ministère de la parole et, en 1119, il aurait encore participé au concile de Reims .
Il s'éteint au prieuré de Dompierre en 1122, pendant l'office.