LE CHÂTEAU du BOIS- GUY, Parigné.
UNE SECONDE JEUNESSE
La cour d'honneur vue du mail (cliché M. Hodebert)
Il fait bon suivre la route de Villamée et s'arrêter au Bois-Guy : les grilles y sont maintenant largement ouvertes , des perspectives sympathiques se dessinent et le château connaît une seconde jeunesse.
Abandonné depuis des décennies, occupé par une exploitation agricole, le château du Bois- Guy a bien failli tomber en ruines. Vers 1994, une restauration hardie l’a réhabilité et lui a redonné en partie son lustre d’antan et cette métamorphose continue.
C’est une belle construction du XVIIème siècle, de style Louis XIV, insérée entre une chapelle plus ancienne et deux puissantes tours défensives, dont l’une est édifiée sur les bases d’un édifice antérieur, sans doute du XVème ou XVIème siècle.
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Le corps central du logis est généreusement éclairé par de hautes baies et son toit à la Mansart repose sur une couronne de corniches à modillons ; l’étage supérieur fait alterner frontons triangulaires et curvilignes suivant le goût du classicisme.
Avant que le château ne subisse toutes les agressions du temps et des intempéries, l’intérieur témoignait d’un souci de luxe et de confort évident. Les pièces étaient vastes et bien éclairées, les parquets de marqueterie étaient soignés, les plafonds décorés, les belles boiseries de chêne sculptées apportaient un certain raffinement à l’ensemble, tandis que des cheminées en marbre rose, de style Louis XV, répandaient la chaleur nécessaire à l’existence patriarcale chère aux gentilshommes bretons de l’époque. Au temps de sa splendeur, il existait même une petite salle de théâtre qui témoignait aussi des goûts artistiques de la famille du BoisGuy.
La cour est fermée sur un côté par les anciens communs, de la même époque que le château ; ils ont retrouvé une élégance très classique avec leurs pavillons à la Mansart, leurs ouvertures cintrées, leurs oculi ovales, leurs gerbières également cintrées et ouvragées. Convertis à l’usage de la ferme qui occupait le Bois-Guy, ces communs autrefois dégradés offrent aujourd’hui de belles salles de réception.
La chapelle dédiée à saint Martin, longtemps dépendance agricole, est retournée à sa vocation première. Elle semble remonter au XVème siècle et elle conserve un beau petit retable du XVIIIème siècle. On y entre par une petite porte de style ogival et, à l’intérieur, une fenêtre flamboyante s’ouvre dans son chevet droit. Cette fenêtre, longtemps murée, a été rouverte lors de la restauration du retable. A l’entrée, une plaque commémorative rappelle aux visiteurs l’engagement des trois frères, Aimé, Guy et Louis du Boisguy.
Le château était posé dans un cadre grandiose avec une grande cour d’honneur, des douves - encore en partie visibles- et une ceinture de bois de haute futaie et d’étangs : l’ensemble occupait alors 108 hectares. Peu à peu, les abords immédiats reprennent leur cachet résidentiel et les jardins retrouvent leur ordonnance du Grand Siècle.
Le château en ruines, envahi par les lierres vers1990.( Cliché M.Hodebert) AIME PICQUET DU BOIS-GUY |
Le château était la résidence de campagne de la famille d’Aimé Picquet du Boisguy (1726-1839). Aimé Picquet du Boisguy se destinait à servir dans la marine ; il a treize ans quand la Révolution s’enflamme. D’après son beau-frère le colonel de Pontbriand, il a partagé très tôt l’idéal de La Rouërie, ami de la famille, chef de la Conjuration bretonne ; lors de la révolte de la Saint-Joseph qui éclate le 19 mars 1793 à Landéan ,il prend la tête de l’insurrection chouanne : il a alors quinze ans . Il dirige en redoutable tacticien une longue guerre d’embuscades dans les pays de Fougères et Vitré . En 1796, le comte de Puisaye qui tente de fédérer la Chouannerie le nomme général de l’armée de Rennes et Fougères.
Longtemps irréductible, il ne cesse les hostilités qu'en 1800 mais il refuse de pactiser avec le Premier Consul qui lui offre d’entrer dans l’armée impériale . Avec le retour de Louis XVIII en 1815, il reprend un commandement militaire à Mézières dans les Ardennes et à Reims pendant la période du sacre de Charles X mais , par fidélité aux Bourbons, il refuse de reconnaître la Monarchie de Juillet en 1830.
Marcel Hodebert et Jean-Paul Gallais.
Clichés : Marcel Hodebert.