A Plaisance en St-Sauveur-des-Landes :
un site gaulois
(IIIème siècle à Ier siècle avant J.C.)
De juillet à
novembre 2012, l 'INRAP
(Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) a réalisé un
important chantier de fouilles dans la ZAC de Plaisance. Au plus fort de
l'activité, 17 archéologues ont été présents.
Une partie du champ de fouilles préventives de Plaisance. |
Des premiers sondages avaient identifié un site gaulois,
une occupation médiévale et la présence d'un cours d'eau avec passage à gué.
Conformément à la loi, Fougères Communauté, porteur du projet d'aménagement a
pris en charge les coûts du chantier de fouilles qui représente 2,5 hectares , sur les 32 hectares de la zone.
Plaisance est un lieu très humide, à moins d'un mètre de
la nappe phréatique. Malgré cela et disséminés sur le site, plusieurs puits ont
été mis à jours. Il s'agit de trous d'1,50 m de profondeur avec présence de quelques
pierres servant de margelle pour faciliter le puisage.
Excavations à fleur d'eau ( cliché V. Lotton ). |
Le choix du site reste une énigme : pourquoi des hommes se
sont installés ici, en un lieu aussi détrempé, aussi inhospitalier ?
Des suppositions peuvent être échafaudées dans toutes les
directions : pisciculture, céréales, chanvre, élevage et tannage des peaux … ? Tout peut donc être imaginé, mais seules
les traces, les indices, les preuves matérielles sont prises en compte.
Si l'humidité du sol a permis la conservation de bois et
poteries, l'acidité de l'arène granitique a fait disparaître toute trace de
métaux ou ossements. Les éléments recueillis permettent de situer la présence
humaine pendant trois siècles, soit entre le 2ème siècle et le 1er
siècle avant J-C. La fin d'une époque marquée par l'arrivée des Romains (au milieu
du 1er siècle). Cette romanisation s'accompagne d'une réorganisation
spatiale avec éradication du maillage gaulois. Les fermes gauloises, nombreuses
dans la région, sont alors été désertées.
Détail (cliché P. Bouyer.) Mme Sicard, archéologue de l'INRAP responsable du chantier, présente la sole d'un four à pain. (cliché V. Lotton.) |
A l'intérieur de cet enclos les fondations de l'habitation
ont été mises à jour. La maison est importante également : 60 m² sachant
qu'habituellement on est plus sur une surface de 30 m² . Les traces de bois
permettent également de penser que la maison disposait d'un étage et les murs
faits de planches et aux angles arrondis, dont la partie basse était enterrée
dans une tranchée. Cette maison pouvait être occupée par une famille élargie
: la famille nucléaire ainsi que les grands parents et d'autres personnes, soit
dix à vingt personnes.
Dans l'enclos, il existe également des bâtiments annexes
ou des activités étaient pratiquées : métallurgie, céramique. La ferme vivait
en semi autarcie. Il existait pourtant des échanges avec l'extérieur, pour
preuve un morceau d'amphore provenant du sud de la France. Localement, la
poterie fabriquée était à destination de la cuisine ou du stockage des
céréales.
La découverte de nombreux lieux de stockage de céréales greniers
et silos confirme bien la culture de céréales (blé, orge, épeautre), source de
l'alimentation. Les silos des trous creusés dans le sol et tapissés
intérieurement d'argile. Ils permettent de conserver des céréales d'une saison
à l'autre, soit pour l'alimentation, soit pour les semailles.L'alimentation à base de céréales est attestée par la
présence de nombreuses meules rotatives ou va-et-vient. La transition de la
meule va-et-vient à la meule rotative s'effectue au 2ème siècle av JC.
La céramique est très présente sur le site. Chaque jour de
fouilles, ce sont des kilos de poteries qui sont extraits. Plusieurs dizaines
de vases et petits pots ont étés
retrouvés entiers. Le décor est simple : il se résume à des incisions, des
formes de chevrons, des cannelures. La plupart sont fabriqués sur place ;
quelques pièces ont été importées. Des jattes ont même gardé des traces de
cuisson. Le tour de potier est plus tardif. La plus grande quantité des
poteries est monté du colombin. Parmi les objets domestiques retrouvés à proximité
de l'habitation principale, il faut noter les fusaïoles utilisées pour filer la
laine sur les quenouilles.
Céramique locale (cl. Pierre Bouyer). |
Compte tenu de l'importance du site, les archéologues
auraient souhaité disposer de davantage de temps, mais le contrat de la fouille
doit respecter un calendrier. A l'issue du chantier, les zones sont
"purgées" à la pelleteuse.
Dans un premier temps un rapport de fouilles sera dressé puis dans un second temps et après des études plus poussées, un rapport archéologique sera publié.
Dans un premier temps un rapport de fouilles sera dressé puis dans un second temps et après des études plus poussées, un rapport archéologique sera publié.
Les outils d'étude sont nombreux et adaptés aux différents supports : étude et datation des céramiques au carbone 14, étude des pollens, des bois par la dendrochronologie (étude des cernes de bois), recoupement des cartes de prélèvements etc.
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