samedi 1 décembre 2012

UNE FERME GAULOISE A ST-SAUVEUR -DES-LANDES,SITE de PLAISANCE





 

 
A Plaisance en St-Sauveur-des-Landes :
un site gaulois
(IIIème siècle à Ier siècle avant J.C.)
 

 

     De juillet à novembre 2012, l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) a réalisé un important chantier de fouilles dans la ZAC de Plaisance. Au plus fort de l'activité, 17 archéologues ont été présents.


Une partie du champ de fouilles préventives de Plaisance.
 
 

        Des premiers sondages avaient identifié un site gaulois, une occupation médiévale et la présence d'un cours d'eau avec passage à gué. Conformément à la loi, Fougères Communauté, porteur du projet d'aménagement a pris en charge les coûts du chantier de fouilles qui représente 2,5 hectares, sur les 32 hectares de la zone.

 
     Plaisance est un lieu très humide, à moins d'un mètre de la nappe phréatique. Malgré cela et disséminés sur le site, plusieurs puits ont été mis à jours. Il s'agit de trous d'1,50 m de profondeur avec présence de quelques pierres servant de margelle pour faciliter le puisage.

 Excavations à fleur d'eau ( cliché V. Lotton ).


 
     Le choix du site reste une énigme : pourquoi des hommes se sont installés ici, en un lieu aussi détrempé, aussi inhospitalier ?
 
      Des suppositions peuvent être échafaudées dans toutes les directions : pisciculture, céréales, chanvre, élevage et tannage des peaux  … ? Tout peut donc être imaginé, mais seules les traces, les indices, les preuves matérielles sont prises en compte.

    Si l'humidité du sol a permis la conservation de bois et poteries, l'acidité de l'arène granitique a fait disparaître toute trace de métaux ou ossements. Les éléments recueillis permettent de situer la présence humaine pendant trois siècles, soit entre le 2ème siècle et le 1er siècle avant J-C. La fin d'une époque marquée par l'arrivée des Romains (au milieu du 1er siècle). Cette romanisation s'accompagne d'une réorganisation spatiale avec éradication du maillage gaulois. Les fermes gauloises, nombreuses dans la région, sont alors été désertées.




     

 
 
 Détail (cliché P. Bouyer.)

Mme Sicard, archéologue
 de l'INRAP responsable 
 du  chantier, présente la sole d'un four à pain.
(cliché V. Lotton.)




                                  
                  
 
     Un premier décapage a mis à jour un plan simplifié : plan quadrangulaire de ferme gauloise avec façades rectilignes et entouré de fossés dont les plus grands font 3 mètres de large pour 2 mètres de profondeur et sont bordés de talus. Il existe également un réseau secondaire de fossés moins profonds. Ces deux enclos concentriques délimitent un espace d'une surface d'un hectare et demi, ce qui est très supérieur aux enclos des fermes de cette époque dont la surface est de 3000 à 5000 m². L'enclos est parcouru de nombreux fossés secondaires créés pour assainir le lieu.

 

   A l'intérieur de cet enclos les fondations de l'habitation ont été mises à jour. La maison est importante également : 60 m² sachant qu'habituellement on est plus sur une surface de 30 m². Les traces de bois permettent également de penser que la maison disposait d'un étage et les murs faits de planches et aux angles arrondis, dont la partie basse était enterrée dans une tranchée. Cette maison pouvait être occupée par une famille élargie : la famille nucléaire ainsi que les grands parents et d'autres personnes, soit dix à vingt personnes.
 


 Charpente fictive permettant de visualiser la surface de la maison (cl. Pierre Bouyer)
 

      Dans l'enclos, il existe également des bâtiments annexes ou des activités étaient pratiquées : métallurgie, céramique. La ferme vivait en semi autarcie. Il existait pourtant des échanges avec l'extérieur, pour preuve un morceau d'amphore provenant du sud de la France. Localement, la poterie fabriquée était à destination de la cuisine ou du stockage des céréales.

      Les quelques scories de fer retrouvées permettent de penser qu'il y avait une petite pratique métallurgique : réparation d'outils ou ferrage de chevaux ?
     La découverte de nombreux lieux de stockage de céréales greniers et silos confirme bien la culture de céréales (blé, orge, épeautre), source de l'alimentation. Les silos des trous creusés dans le sol et tapissés intérieurement d'argile. Ils permettent de conserver des céréales d'une saison à l'autre, soit pour l'alimentation, soit pour les semailles.L'alimentation à base de céréales est attestée par la présence de nombreuses meules rotatives ou va-et-vient. La transition de la meule va-et-vient à la meule rotative s'effectue au 2ème siècle av JC.
 

 Meule brisée.(Cl. Pierre Bouyer.)
 

      La céramique est très présente sur le site. Chaque jour de fouilles, ce sont des kilos de poteries qui sont extraits. Plusieurs dizaines de vases et petits pots  ont étés retrouvés entiers. Le décor est simple : il se résume à des incisions, des formes de chevrons, des cannelures. La plupart sont fabriqués sur place ; quelques pièces ont été importées. Des jattes ont même gardé des traces de cuisson. Le tour de potier est plus tardif. La plus grande quantité des poteries est monté du colombin. Parmi les objets domestiques retrouvés à proximité de l'habitation principale, il faut noter les fusaïoles utilisées pour filer la laine sur les quenouilles.


Céramique locale (cl. Pierre Bouyer).
 
     Compte tenu de l'importance du site, les archéologues auraient souhaité disposer de davantage de temps, mais le contrat de la fouille doit respecter un calendrier. A l'issue du chantier, les zones sont "purgées" à la pelleteuse.

    Dans un premier temps un rapport de fouilles sera dressé puis dans un second temps et après des études plus poussées, un rapport archéologique sera publié.
Les outils d'étude sont nombreux et adaptés aux différents supports : étude et datation des céramiques au carbone 14, étude des pollens, des bois par la dendrochronologie (étude des cernes de bois), recoupement des cartes de prélèvements etc.

                                                            Bernard Chevallier



      Une  présentation  complète des  fouilles de Plaisance  sera    publiée dans le no 11de la revue "Entre  Everre et Minette."

          Clichés: droits réservés.


     Découverte récente  de l'INRAP: une vaste villa gallo-romaine  à Noyal-Chatillon-sur-Seiche, près de Rennes, pourvue de thermes de luxe.

Reportage-video possible en cliquant sur ce lien:

 http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources-multimedias/Audiovisuels/Reportages-videos/Reportages-2012/p-14987-Une-villa-gallo-romaine-en-Bretagne.htm

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