JOSEPH COLAS ,un résistant fusillé à Nantes
La Résistance s’appuie parfois
sur des couples ou des familles qui luttent contre l’occupation allemande,
jugée insupportable. C’est le cas de Joseph et de Marie Colas, Fougerais
d’origine. Joseph est né le 11 janvier 1905, Marie est née le 1er
septembre 1906. Domiciliés 13 bis rue de
L’Echange, à Fougères, ils rejoignent le groupe de Résistance du Front
National, à la fin de l’année 1940. Ils diffusent des tracts anti-allemands et anti-vichyssois ainsi que des journaux
clandestins édités par le Front National
de Paris. Ils exercent la
fonction d’agents de liaison entre le Front National de Fougères et différents
groupes de Résistance de la région, notamment celui de Saint-Brice-en-Coglès.
Le STO
A
la date du 16 novembre 1942, Joseph est requis pour le S.T.O. (Service du
Travail Obligatoire). A l’instar des 189 requis selon les Archives Municipales
de Fougères, Joseph est contraint d’aller travailler pour le compte de
l’économie allemande. Il n’est pas le seul du quartier, ainsi René Lamiré, de
la rue de Rillé, Clément-Louis Chabot et Joseph-Louis Quinton, de la rue de la
Pinterie et bien d’autres encore de la rue des Fontaines ou de la rue du
Nançon. Les familles sont véritablement désorganisées, les couples séparés. Mais Joseph Colas rejoint
l’illégalité et le groupe F.N. et les F.T.P. de la Loire-Inférieure (le secteur
de Nantes), au début de décembre 1942. Dans ce cadre, il participe aux
sabotages des voies ferrées, aux attentats contre l’armée d’occupation.
Marie, pour sa part, met un terme
à toutes ses activités, étant surveillée par la police à Fougères.
L’arrestation et la détention de Joseph Colas
Joseph est arrêté le 29 janvier
1943 par la SPAC (Service de police spéciale d’Angers), puis livré aux Allemands
le 16 février 1943. A partir de cette date, le détenu n’a pas le droit
d’écrire, ni le droit de recevoir des colis, simplement la possibilité d’avoir
du linge le mercredi.
D’après le courrier envoyé à
Germaine Guenée par Marie Colas, la
prison Lafayette est toujours entourée d’Allemands avec la mitraillette prête à
tirer dessus. Les détenus subissent des tortures, afin de les faire parler. La
preuve est cachée dans le linge rapporté par les familles : des lambeaux
de chair et des marques de sang. Marie Colas bénéficie des services rendus par
la mère d’un codétenu, instituteur, qui accepte de laver le linge de Joseph. Par
elle, Marie peut arracher des nouvelles, des bouts de papier à
cigarettes ; de même, Marie glisse des mots dans les ourlets des gants de
toilette.
A partir du 16 février 1943, il
quitte le quartier français pour rejoindre le quartier allemand jusqu’au 25 août, date de son exécution.
Dans une de ses lettres,
conservées par Germaine Guenée, Joseph ne décrit pas ses gardiens sous le plus
mauvais jour : ils étaient tous les deux assez âgés et avaient fait la
première guerre mondiale. Marie pense avoir eu les lettres ainsi que son
alliance grâce à leur bonne volonté. Dans le monde carcéral, brille parfois une
lueur d’humanité.
Joseph Colas est jugé, à
Nantes, par le tribunal militaire
Allemand, le procès dure trois jours. Il est condamné à mort le 15 août 1943,
puis fusillé au terrain du Bôle, à Nantes le 25 août 1943. Il est enterré au
Cellier sous le numéro 5.
Daniel Heudré
Sources : Témoignage et
lettres de Germaine Guenée.
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