dimanche 25 janvier 2015

RESISTANCE FOUGERAISE 1943 :JULES et ROGER FONTAINE



Jules et Roger Fontaine, des résistants très                     actifs du pays de Fougères











 Roger Fontaine




  Jules, le père, est né le 5 août 1905, à Gosné; Roger, le fils, le 12 mars 1927 à Fougères. Deux figures marquantes de la Résistance qui multiplient les actions de destruction de matériel, de moyens de transport, d’outils de production, propriétés de l’occupant ou des forces de collaboration. Mais ce qui frappe le plus la mémoire de la ville de Fougères est, sans aucun doute, l’attentat contre le symbole même de l’occupant, au plein cœur de la ville, un jour mémorable, celui du 14 juillet, un attentat au bilan meurtrier et aux graves conséquences.
 Nul ne peut remettre en cause l’ampleur de ces activités ni celle de la montée en puissance d’une résistance armée et violente. Certes elles frappent l’opinion, mais elles expriment une lutte armée qui aura d’autres épisodes.


   Débuts dans l'OS

 L’appel de Londres du 18 juin 1940 semble entendu par cette famille Fontaine. Jules rejoint le groupe O.S. (Organisation spéciale) de Fougères. C’est une structure du PCF (Parti communiste français), parmi des organisations encore embryonnaires, avant leur unification au sein des Francs-Tireurs et Partisans français. A l’origine, les membres de l’OS n’étaient guère nombreux en Ille-et-Vilaine, 58 actifs en juin 1941. A ce titre, il distribue des tracts, des journaux, des brochures anti-allemands et anti-vichyssois. La désobéissance constitue le motif premier de l’action militante. Elle lui vaut d’être arrêté plusieurs fois, mais relâché, faute de preuves tangibles. Son fils, Roger, l’accompagne dans cette école du refus.

    Organisation des FTPF

   Dans les années 1942-1943, les Fontaine organisent et dirigent les F.T.P.F. à l’origine de faits mémorables et toujours risqués. Le R.N.P. (Rassemblement national populaire) et le siège du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) qui marque une étape décisive dans la Collaboration à partir de février 1943 sont attaqués à la bombe, rue Nationale, à Fougères. C’est le cœur même du régime de Vichy qui est visé à travers ce parti collaborationniste de Marcel Déat. Des meules de foin et de paille entreposées sur les wagons stationnés à la SNCF de la ville, des camions allemands sont également incendiés, boulevard de la Gare et rue de Bonabry. Cette fois, l’occupant est atteint à travers ses outils de transport et son pouvoir économique. A l’extérieur de la ville, Montbelleux, mine de wolfram, située sur le territoire de La Selle-en-Luitré, est sabotée, stoppant la production pendant trois semaines. Cette mine a été accaparée par les Allemands et symbolise une appropriation économique inacceptable aux yeux de la Résistance.

  Attaque de la Feldgendarmerie de Fougères

 Enfin, l’exploit le plus visible est certainement l’attaque de la Feldgendarmerie de Fougères avec le lancement d’une grenade. Le bilan est lourd : un officier allemand est tué, une dizaine d’autres grièvement blessés. Le jour même de la fête nationale du 14 juillet 1943, en plein midi. Les représailles des Allemands ne tardent pas à être exécutées: une dizaine de fougerais sont pris en otages et envoyés dans des camps de déportation. Parmi ceux-ci, Marcel Hamard, Joseph Huchet, Marcel L’Armor, Marcel Pelé, Antoine Perez, Louis Roussel. L’un d’eux marquera l’histoire de la ville, à son retour des camps : Hippolyte Réhault, qui deviendra le maire de Fougères (1947-1965) et reconstruira la ville, détruite par les deux bombardements de juin 1944. Réhault, industriel de la chaussure, était suspect aux Allemands, car ses deux fils étaient partis par Londres en passant par l’Allemagne.




  Condamnation à mort par le Tribunal Militaire Allemand



 Lettre de Jules Fontaine à sa femme, Madeleine.


Lettre de Roger Fontaine à sa mère et à son petit frère.





  Jules et Roger Fontaine sont arrêtés le 29 novembre 1943, rue Charles Malard, à Fougères, par la S.P.A.C., torturés et incarcérés à la prison Jacques Cartier à Rennes, puis transférés le 15 mai 1944 à Fresne. Ils sont fusillés le 24 juin 1944, au motif qu’ils sont les auteurs de l’attentat contre la Feldgendarmerie allemande. Les lettres écrites à l’intention de leur famille témoignent d’une grande humanité, déjà visible à travers l’aide apportée aux réfractaires. Ainsi on peut dire que les Fontaine ont conjugué toutes les formes de Résistance, de la diffusion de presse clandestine, de soutien aux hommes frappés par le STO à la lutte armée, caractéristique de l’année 1943.


 Comment ne pas associer à Jules et Roger Fontaine le nom de Bellis et de Colas, et puis tous ceux qui ont été fusillés à la Maltière!
                                                                                        Daniel Heudré
 
 
 

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