Georges
Boivent,un fougerais de 18 ans engagé avec sa famille dans la Résistance
Georges Boivent a écrit, ses
Mémoires en 1989, sous une forme dactylographiée et destinée à un public
restreint. Né en 1926 de parents fougerais, travaillant dans la confection et
la vente de chaussures, au 5 rue de Brizeux, Georges prend part à la Résistance avec
toute sa famille : son père Georges, sa mère Jeanne (Mahé sur ses papiers
trafiqués), ses deux sœurs, Jeanne et Georgette.
Tous sont sous les ordres du Commandant Pétri, dit Loulou Pétri, responsable du Front National pour le secteur de Fougères, puis chef des FTP de l’arrondissement. Leur domicile, rue Brizeux, constitue le PC de Loulou Pétri. A partir de là, s’organisent le ravitaillement des FTP, l’hébergement des réfractaires et responsables dela
Résistance , les liaisons entre les groupes, la fabrication
des bombes et la distribution des tracts.
Tous sont sous les ordres du Commandant Pétri, dit Loulou Pétri, responsable du Front National pour le secteur de Fougères, puis chef des FTP de l’arrondissement. Leur domicile, rue Brizeux, constitue le PC de Loulou Pétri. A partir de là, s’organisent le ravitaillement des FTP, l’hébergement des réfractaires et responsables de
Georges et Jeanne Boivent |
Georges entre ses deux soeurs, tous résistants.Ouest-France, 15-1- 86, article d 'E. Maret. Archives municipales, Fougères. |
L’arrestation à Fougères
Ces résistants sont indéniablement
très structurés, mais ils ne peuvent échapper à l’arrestation d’une partie de
la famille. Le 3 février 1944, les parents et le jeune Boivent sont arrêtés par
des gendarmes munis d’un mandat. La mère
sera libérée le 9 juin et pourra rejoindre ses deux filles dans les maquis de la Mayenne. Les deux hommes sont
embarqués pour des prisons et un transfert dans des camps nazis.
La prison de Fougères jusqu’au 5
mai, avec interrogatoire et papier avalé pour ne rien compromettre, celle de
Rennes (du 5 au 9 mai), puis le camp de Compiègne (du 9 au 27 mai), tel est le parcours des deux
Boivent qui ne sont jusqu’alors pas séparés. Le jeune Georges Boivent fabriquait
dans l’atelier de tôlerie-automobile
d’André Delanoé des boites-tôles destinées à servir de bombes dans
les attentats. Il les remettait ensuite à son père.
Le transport dans des wagons à bestiaux
Les détenus sont acheminés pour
le camp de Compiègne, le 27 mai 1944. Georges se voit attribuer le matricule
38245, puis c’est le départ le 4 juin 1944 pour des camps nazis où se
multiplient des actes d’horreur et de cruauté : les wagons à bestiaux
étroits et nauséabonds, les coups de triques et de schlagues, les chiens
nerveux et agressifs. Les prisonniers sont entassés dans des compartiments avec, au milieu, un bidon d’aisance qui
dégage des odeurs insupportables. Le voyage durera 7 heures interminables et
propices à des problèmes de faim, de soif, du puanteur et d’asphyxie tellement
les détenus sont serrés.
Archives municipales, Fougères |
L’arrivée au camp de Neuengamme
Ce camp de concentration se
trouve à 20 kms de Hambourg, Commence alors le
rituel des camps : déverrouillage des portes des wagons, hurlement
des SS, aboiement des chiens et coups de schlagues. Avec cette terreur
instituée, le premier rang de déportés tombe sur le macadam et la voie. Le
second rang, où se trouvent Georges Boivent et son père,s’affale sur les camarades précédents. Les prisonniers
sont disposés en colonnes de cinq, puis se dirigent vers l’entrée du camp et la
place de l’appel, rendez-vous habituel dans une journée. L’espace peut alors se
découvrir : une grande place, des bâtiments peints en vert, des baraques
où sont situées l’infirmerie (ou Riever) et
les douches. Tout un décor sinistre, lieu de brimades, de matraquages et
aussi de morts.
La nourriture et l’habillement
Les vêtements des déportés sont déposés dans un grand sac avec un nouveau matricule -Georges a désormais le 33535-, les montres et bijoux dans un sachet papier grand comme une enveloppe. Chacun reçoit une plaque de zinc avec un numéro matricule et une ficelle à mettre autour du cou. Tous sont nus, cette humiliation se reproduit souvent, notamment en temps de grand froid.
La nourriture est pauvre et
souvent mauvaise. D’abord, à l’arrivée sur la place, les déportés s’abreuvent à
même le sol, lapant les flaques d’eau sur le bitume à plat ventre. Ensuite
chacun reçoit une gamelle de bouillon chaud.Les déportés se dirigent vers le
sous-sol d’un grand bâtiment abritant « l’eau de la mort » ou eau
chlorée.
La tonte et la tenue de camp
Le dortoir
Les travaux
Ceux qui sont chaussés de
bottines doivent charger des briques dans les péniches. Les autres, parmi
lesquels Georges Boivent, restent au block et effectuent une marche sur un
large trottoir le long du block. Ils ont à nettoyer le trottoir et le caniveau
rempli d’immondices. Georges se souvient d’un spectacle atroce aperçu sur ce
trottoir : l’attroupement de 10000 à 15000 détenus et la pendaison en
musique de deux jeunes soviétiques, selon les habitudes du camp.
Le rassemblement
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, s’effectue
le transfert à Oranienbourg -Sachsenhausen, camp situé à 20kms de Berlin, dans
la plaine de Brandebourg. Jour et nuit de cauchemar :
matraque, schlague sur les mains et les pieds, sauts de crapauds, rampés
dans la boue sous la pluie. La tenue vestimentaire consiste dans une tenue
rayée, gris bleu et un bonnet (mutsen);le numéro (le 3éme) 84129.
L’anonymat et la confusion dans la foule afin de mieux annihiler l’homme. Le
triangle rouge, autre invention pour catalogues en fonction des origines.
Le Kommando de Falkensee
Le 2 juillet 1944, Georges
Boivent, avec d’autres déportés, part en camion pour travailler dans une usine
nommée Demag, chargée de la fabrication d’obus et de chars Un kapo au vêtement rayé est
responsable de colonnes de travail. Georges y travaille de jour jusqu’à la
libération du camp le 26 avril 1945. Il écrira à son père 4 ou 5 fois, une fois
à sa mère à Fougères. La première journée consiste à décharger un wagon de
sable. En tant que soudeur, il est affecté à une presse à obus. Avec d’autres,
il opére des actes de sabotage afin de freiner la production. Le travail s’effectue sous les
ordres d’un contremaitre, le Meister. Les SS accompagnent toujours les déportés
et les encadrent à l’usine.
Chère Mère, chères Soeurs,
Je vais très bien et je garde courage et j'espère qu'il en est de même pour.vous. Mon père se porte également très bien en Allemagne. Je peux recevoir des lettres et des colis légers avec de la charcuterie. Je peux aussi recevoir des paquets de la Croix Rouge.
Embrassez très fort toute la famille et les amis.J'arrête ici , je vous embrasse chaleureusement.
Votre fils et frère.
G.Boivent fils
Georges a eu la chance d’avoir comme comme Kapo (chef) à la colonne 7 Karl Stenzel et comme Meister Cürt Daubitz, deux chics types qui ont contribué à sa libération.C’étaient deux antifascistes. Georges aura été détenu 41 jours.
Lettre de Georges envoyée à Fougères de Falkensee. La date au crayon "22 novembre" est celle de la réception, siot un délai de 4 mois et demi. |
Chère Mère, chères Soeurs,
Je vais très bien et je garde courage et j'espère qu'il en est de même pour.vous. Mon père se porte également très bien en Allemagne. Je peux recevoir des lettres et des colis légers avec de la charcuterie. Je peux aussi recevoir des paquets de la Croix Rouge.
Embrassez très fort toute la famille et les amis.J'arrête ici , je vous embrasse chaleureusement.
Votre fils et frère.
G.Boivent fils
Georges a eu la chance d’avoir comme comme Kapo (chef) à la colonne 7 Karl Stenzel et comme Meister Cürt Daubitz, deux chics types qui ont contribué à sa libération.C’étaient deux antifascistes. Georges aura été détenu 41 jours.
L’EVACUATION
Les Soviétiques déclenchent une
vaste offensive sur les fronts de l’Ukraine et de Biélorussie. Rien ne les
arrêtera dans leur progression jusqu’à Berlin. Le camp central d’Oranienbourg
est libéré le 22 avril 1945. Le kommando de Falkensee, celui de Georges est évacué le 26 avril après d’âpres combats.
Dernier transfert Dessau-Domsbale (29 mai-4 juin 1945). Georges Boivent est le dernier à droite. (Archives privées) |
Georges Boivent trouve refuge
dans des cabanes jusqu’au 2 mai 1945. Les SS reviennent et Les Soviétiques
réussiront à les traquer. A partir de là, c’est une longue marche à pied en
direction de l’Elbe, des Américains et de la France , avec comme étapes Nauen, Fischbeck.Transportés par camions russes face à Dessau, les prisonniers sont ensuite pris
en charge par le train, dans les conditions sordides,des wagons à bestiaux, et ils
passent la frontière française le 4 juin.Son père décède pendant le convoi.Georges Boivent atteint ses 19 ans,
juste un an jour pour jour de son passage en Allemagne. Accueil à Dombasle,
près de Nancy, puis arrivée à Paris, à l’hôtel Lutetia.
Ainsi prenait fin le calvaire
d’un jeune résistant de Fougères. Ses mémoires permettent de voir le quotidien
des camps de la mort. L’horreur des SS se lit chaque jour mais aussi
le courage et la fraternité des antifascistes, y compris dans ces baraquements
et sur les places de ces camps.
Le Triangle Rouge, collecte de récits de déportés, dont ceux de G. Boivent . Archives municipales, Fougères. |
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