UNE DEMEURE PRESTIGIEUSE
A deux pas de la Selle-en-Coglès, dans les
ondulations de la campagne briçoise, il suffit de dépasser les hautes futaies
pour voir apparaître, comme derrière le rideau, un joyau de l’architecture
bretonne : le château du Rocher-Portail, posé sur les bords de la Loysance.
UN CHATEAU DIGNE D'UN FINANCIER
Le Rocher-Portail ou Rocher-Portal s’appelait jadis le Rocher puis le
Rocher-Sénéchal, du nom des propriétaires qui l’habitaient en 1437. Son origine
remonterait au XIème siècle. Une motte était établie près de la Loysance.
Gilles RUELLAN,ancien valet originaire d'Antrain,vite devenu financier richissime,anobli par Henri IV en 1603 et comblé d'honneurs en récompense de ses services,en fait l’acquisition en 1596. A l’origine, le château n’avait qu’une fonction défensive. Mais, à la fin du XVIème, Gilles Ruellan le fait démolir en partie pour construire une résidence plus grande et surtout plus prestigieuse. Le donjon défensif devient alors une grande demeure de plaisance, consécration de son ascension sociale. La date de 1617, gravée sur le fronton sud du corps central, marque sans doute l'achèvement du château dans ses parties essentielles.
Gilles RUELLAN,ancien valet originaire d'Antrain,vite devenu financier richissime,anobli par Henri IV en 1603 et comblé d'honneurs en récompense de ses services,en fait l’acquisition en 1596. A l’origine, le château n’avait qu’une fonction défensive. Mais, à la fin du XVIème, Gilles Ruellan le fait démolir en partie pour construire une résidence plus grande et surtout plus prestigieuse. Le donjon défensif devient alors une grande demeure de plaisance, consécration de son ascension sociale. La date de 1617, gravée sur le fronton sud du corps central, marque sans doute l'achèvement du château dans ses parties essentielles.
UNE COMPOSITION RIGOUREUSE
L’architecture rompt avec l’époque féodale et
devient plus décorative. L'ordonnance
sobre de l'ensemble, le dialogue strict entre les ailes nord et sud montrent un souci de symétrie et d'unité cher au classicisme.
Le château disposé en U se compose de trois grands
corps de bâtiments terminés par quatre pavillons d’angle ouverts sur les quatre
orients. Les toits très élevés reposent sur des corniches modillonnées et
portent sept élégantes lucarnes au fronton courbe . Comme pour mettre un point d'orgue à cette harmonie des lignes, les
hautes cheminées reçoivent elles aussi un couronnement de forme arrondie, plus tardif.
Le
corps central du château présente une grande originalité avec ses deux grands
frontons curvilignes percés d’oculi jumelés ; ils marquent
l’emplacement des deux escaliers qui desservent les pavillons et ils dédoublent
l’entrée principale généralement située au centre du bâtiment principal. Pour Christophe Amiot, architecte des Bâtiments de France, les deux oculi des grands frontons et les moulurations des baies du Rocher-Portail présentent des similitudes avec le répertoire décoratif de la cathédrale de Saint-Malo (transept nord), édifiée à la même époque, par Thomas Poussin, architecte du roi : serait-il aussi l'architecte du Rocher-Portail?
Sur l'aile sud, s'ouvre une porte en plein cintre surmontée de coulisses de pont-levis dont la fonction empruntée à l' architecture défensive médiévale est purement décorative.Elle est en symétrie avec l'entrée de la galerie sur l'aile opposée.
Façade sud: porte de communication imposante entre la cour d'honneur et celle des communs, disposée en avant-corps et munie de coulisses de pont- levis. |
La cour carrée est agrémentée d’une jolie galerie dont les
arcades cintrées, séparées par des pilastres toscans, reposent sur un mur
d’appui qui allège l’ensemble. Cette disposition lui donne un tour italianisant
et elle reflète la persistance de l'esthétique de la Renaissance en Bretagne jusqu’au début du XVIIème
siècle. La galerie ouverte du
rez-de-chaussée conduit des appartements privés à la
chapelle du seigneur. A l’étage supérieur, la galerie est borgne et elle s'ouvre
sur un salon privé appelé « salle des arts et des plaisirs ». Des marques de décors peints du XVIIe y subsistent.
Façade-est: saut-de-loup. |
La cour d’honneur est fermée par une balustrade
en granit de style Louis XIII, elle borde un fossé qui communique avec l'étang formé par la Loysance. A l'est, la façade du corps de logis principal , moins ouvragée, donne sur un parc autrefois dessiné et planté au fond duquel se trouve toujours un petit pavillon coiffé à l'impériale;
la cour des communs est elle aussi fermée par une balustrade et protégée par un saut-de-loup.
Façade-est ouverte sur les jardins; l'ornement central en forme de vasque soutenue par trois piliers est l'autel de la chapelle seigneuriale. |
Gilles Ruellan était aussi devenu propriétaire des châteaux du Tiercent en 1602, de Monthorin en 1607, de La Ballue en 1615 et de nombreuses demeures bretonnes.
Après son décès en 1627, l'une de ses filles, Vincente, épouse de Jacques Barin de la Galissonnière, hérite du Rocher-Portail ; en 1653, son fils Jacques vend la propriété à Jacques de Farcy, gouverneur du château de Vitré ; la puissante famille de Farcy était en partie acquise au protestantisme. A cette époque, le Rocher-Portail dispose d'un oratoire protestant, le culte semble y avoir été célébré jusqu'en 1668.
La propriété est restée dans cette famille et ses alliés les Guérin jusqu'au milieu du XIXe, à l'exception de la période révolutionnaire ; en 1866, elle est achetée et restaurée par la famille de Boutrays et transmise de génération en génération jusqu'en 2015.
La propriété est restée dans cette famille et ses alliés les Guérin jusqu'au milieu du XIXe, à l'exception de la période révolutionnaire ; en 1866, elle est achetée et restaurée par la famille de Boutrays et transmise de génération en génération jusqu'en 2015.
Malgré les réfections des XVIIIè et XIXè siècles, cette demeure de grand style a gardé son homogénéité, elle nous est parvenue
en apparence intacte et elle continue à nous éblouir. Que le sens esthétique qui a présidé à sa construction impose encore longtemps le respect.
- Christophe Amiot, Observations sur le plan quadrangulaire et la galerie dans les châteaux bretons (1575-1640).L'exemple du Rocher-Portail à Saint-Brice-en-Coglès. Mémoires de la Société d'Histoire et d'archéologie de Bretagne, Tome LXXIV,1996, p.519-561.
-Banéat P. Le département d'Ille-et-Vilaine, Rennes, J. Larcher, 1929,p338-9.
Remerciements à Joseph Pommereul.
- Inventaire général du Patrimoine culturel,Région Bretagne,Saint-Brice-en-Coglès:
http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35048944
SAISON CULTURELLE 2020 |