Saint-Christophe-des-Bois,rue de l'Eglise (Cl. Association Histoire St-Christophe-des-Bois) |
L' éventail des commémorations se déplie au coeur de l'été 2012, 70 ans après LA RAFLE du VEL D'HIV, 16 juillet 42, plusieurs expositions orientent les regards sur des pages d 'Histoire douloureuses:
- celle des archives de la police à Paris(mairie du IIIè) " La Rafle du Vel d'Hiv"...
- l'exposition " C'ETAIENT DES ENFANTS-Déportation et sauvetage des enfants juifs à Paris", et, de surcroît, une enquête de l'institut CSA pour sonder les profondeurs de l'oubli ou de la méconnaissance ...
Autant de jalons sur les sentiers d'une Mémoire qui se dérobe et qu'il faut déjà restaurer.
Toutefois, dans ces jours les plus noirs, ce naufrage de l'honneur et de l'humanité, la fraternité n'a pas complètement sombré et l'enfance, par sa candeur et sa fragilité, a fermé des yeux, serré des lèvres et ouvert des bras. A Saint-Christophe-des-Bois, le cinéaste Nicolas Ribowski vient de tourner en collaboration avec Michel Godet, professeur d'Histoire, un documentaire qui redonne la mémoire de la déchirure et de l'humble courage.
" JAMAIS JE NE T'OUBLIERAI "
" JAMAIS JE NE T'OUBLIERAI "
LE SORT TRAGIQUE DES ENFANTS JUIFS
SOUS L' OCCUPATION
SOUS L' OCCUPATION
DISPARAITRE ou SE FAIRE OUBLIER
1944, Fougères
la déportation à Auschwitz de la famille Lévy
la déportation à Auschwitz de la famille Lévy
Léon et Selma Lévy tiennent un
magasin de confection, au 12, boulevard Jean Jaurès, à Fougères. L’enseigne est
très connue « Paris Soldes » et attire beaucoup de clients de la
ville et des environs. Leurs deux petites filles fréquentent l’école Charles
Malard. Les temps s’assombrissent à partir de 1942. La famille doit porter
l’étoile jaune qui fait pleurer la maman. Leur seul « crime » est
d’être juif.
Selma Lévy et ses filles ( Coll. privée) |
Le 23 novembre 1943, les deux
enfants, Gaby, 8 ans et Nelly, 6 ans sont arrêtées par les Allemands et
emmenées à la prison Jacques Cartier de Rennes. Toute la famille Lévy se
retrouve à Rennes et y reste jusqu’au 20 janvier 1944. Personne ne les reverra
désormais.
Le convoi 66 les conduit à Drancy puis aux camps d’Auschwitz. Tous périront dans les chambres à gaz. Leur nom figure maintenant au mémorial des enfants juifs déportés de France. Il a fallu la longue patience d’Arlette Jourdan, ancienne camarade d’école des petites Lévy pour alerter Serge Klarsfeld et retrouver le nom de cette famille et des enfants, Gaby et Nelly.
Les entants Lévy et des proches (Coll privée.) |
Léon, Selma et Gaby Lévy (Coll. privée) |
1944,
Saint Christophe-des-Bois
l'asile pour 19 enfants
Cette fois il faut la publicité
autour du tournage d’un documentaire pour faire émerger un épisode méconnu mais
crucial de l’histoire de Saint Christophe-des-Bois et du Val d’Izé, deux
communes limitrophes aux portes de Vitré. On pourrait dire le secret des
enfants juifs cachés à la fin de la seconde guerre.
Chacun des partenaires contribue à lever le secret : le maire Jean Pitois,
l’historien Michel Godet à la ténacité remarquable, la famille Adass et le
réalisateur, lui-même ancien déporté, Nicolas Ribowski.
Cet épisode pourrait mériter le
titre de JUSTES à la commune de Saint Christophe-des-Bois. Trente-cinq enfants d’origine
juive sont dissimulés à l’est de département d’Ille-et-Vilaine pendant l’Occupation allemande,
dix-neuf le sont à Saint-Christophe. Les autres sont dirigés sur les
communes voisines Le Val d’Izé, Mecé, La Chapelle-Erbrée. Quelques-uns sont orientés dans
le pays de Fougères, à La
Bazouge-du -Désert et à Saint Georges-de-Reintembault.
L’organisation ne laisse rien au hasard : les enfants sont pris en charge à Paris par des organisations juives, comme l’Union Générale des Israélites de France. Plusieurs sont envoyés en Bretagne grâce à la complicité d’une Vitréenne, Madame Henry. Evidemment les habitants font preuve d’un courage exemplaire afin de protéger les enfants et de les soustraire au regard de la gendarmerie locale de Châtillon-en-Vendelais et des soldats allemands.
Michel, Monique et Arlette Adass.(Collection privée) |
L’organisation ne laisse rien au hasard : les enfants sont pris en charge à Paris par des organisations juives, comme l’Union Générale des Israélites de France. Plusieurs sont envoyés en Bretagne grâce à la complicité d’une Vitréenne, Madame Henry. Evidemment les habitants font preuve d’un courage exemplaire afin de protéger les enfants et de les soustraire au regard de la gendarmerie locale de Châtillon-en-Vendelais et des soldats allemands.
Familles d’accueil
Parmi les exemples notoires de
Saint-Christophe, citons celui de Michel Adass, auquel le film est dédié, et de
ses deux sœurs réfugiés dans la famille Pihan, celui de Maurice et Roger Barouh
accueillis chez la famille Lebreton, celui de Simon Wajnberg, de ses sœurs, Liliane
et Alice, hébergés chez les Boutros.
Le Val d’Izé accueille Rachel et
Jacques Brama grâce à la famille Beunel. Les communes du pays de Fougères font preuve également d’un grand sens de l’hospitalité. Ainsi les Feldman sont accueillis chez les Prime dans la commune de La Bazouge-du -Désert. Et les Grinsztajn sont réfugiés chez les Hamard, à Saint
Georges-de-Reintembault.
Le
documentaire de Nicolas Ribowski:
Jamais je ne t'oublierai jamais
Ce qui est vraiment
extraordinaire, c’est que chacun a su tenir sa langue et que personne n’a crié
sur les toits cette histoire merveilleuse. On a pu aussi retrouver ces
personnes souvent à l’étranger, aux Etats-Unis. A partir de là, les
enfants d’aujourd’hui des écoles de Saint Christophe interrogent les personnes
retrouvées et découvrent l’histoire fabuleuse de leur commune, voilà le fil
d’Ariane du cinéaste N. Ribowski. Nul doute
que chacun saura apprécier cette belle leçon d’histoire et ce beau tissage de
liens entre les âges et les pays différents.
Hélas des Juifs furent arrêtés
sur dénonciation, sans doute ce fut le cas des Lévy à Fougères, mais il y eut
aussi de beaux gestes d’accueil et des prises de risques afin de soustraire à
la barbarie nazie des enfants qui ne demandaient qu’à vivre. Ce fut le cas de
Saint Christophe-des-Bois, fidèle en cela au charisme de son saint patron.
Les communes de Saint-Christophe-des-Bois et du Val-d'Izé sont citées dans l'ouvrage récent "Histoire des Justes en France" de Patrick Cabanel (éditions Armand Colin ,février 2012 p.95).
Les communes de Saint-Christophe-des-Bois et du Val-d'Izé sont citées dans l'ouvrage récent "Histoire des Justes en France" de Patrick Cabanel (éditions Armand Colin ,février 2012 p.95).
Daniel Heudré
Tout près de nous, la commune de Savigny-le-Vieux a été pour beaucoup d'enfants juifs parisiens une terrre d'accueil . Leur histoire est évoquée dans l'article de La Manche Libre du 24 mai 2011:" L'incroyable histoire des enfants cachés de Savigny-le-Vieux."
C'ETAIENT DES ENFANTS
L'exposition "C'ETAIENT DES ENFANTS" à l'Hôtel de Ville de Paris retrace le parcours souvent tragique et toujours déchirant des enfants juifs brutalement séparés de leurs parents : beaucoup ont dû fuir en province où leur identité était masquée avec la complicité de leurs hôtes.
Il suffit de cliquer sur ce lien pour obtenir la présentation de l'exposition, voir quelques photos, entendre l'explication de Sarah Gensburger, commissaire de cette exposition dédiée à la mémoire et à l'honneur.
Introduction, mise en page : JP.Gallais.
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