Le nom de Julien Maunoir est bien connu dans le Pays de Fougères, son souvenir est omniprésent à Saint-Georges-de-Reintembault : sa maison est sanctuarisée, une chapelle de l'église paroissiale lui est dédiée, plusieurs institutions , collège, associations portent son nom. A Fougères, l'église du Bienheureux Maunoir , un vitrail de l'église Saint-Léonard, une rue, une fresque de Louis Garin conservent sa mémoire. Mais il a surtout marqué la Bretagne de l'Ouest qu'il a maintes fois parcourue : Quimper, Saint-Pol-de-Léon, PLeyben, Tréguier... A Plévin où il repose, il est encore vénéré et la population l'honore de deux pardons annuels. La Bretagne reconnaît en lui l'un des grands apôtres de la renaissance catholique voulue par le Concile de Trente. Par quelle magie entraînait-il les foules?
Eglise de Plévin, Côtes d'Armor,dernière mission et dernière demeure de Julien Maunoir. |
UN GRAND MISSIONNAIRE BRETON
Jésuite, missionnaire infatigable,prédicateur de grande
renommée, grammairien bretonnant, Julien Maunoir est né à Saint-Georges-de-Reintembault le
1er octobre 1606 dans une maison
transformée en chapelle dès 1662. Ses
parents, Isaac Maunoir et Gabrielle Deloris étaient, dit-on, « plus
riches des dons de la piété que des biens de la fortune », élevant
quelques vaches pour arrondir leur revenu de tisserands, vivant très modestement, ce qui ne
les empêchait pas de se montrer d’une charité proverbiale.
Maison natale de Julien Maunoir
et chapelle attenante,Saint-Georges-de-Reintembault.
Les premiers biographes du
Père Maunoir ont laissé, comme souvent dans la vie des saints, des histoires
merveilleuses et naïves destinées à frapper les esprits de l’époque mais
transmises de génération en génération jusqu’à nos jours. Ainsi, on
raconte qu’un jour le petit Julien, encore enveloppé dans ses langes, tomba des
genoux de sa mère sur la pierre de l’âtre de la cheminée. La dalle de granit se
faisant aussi molle qu’un oreiller de plumes se creusa doucement afin d’amortir
le choc et garda même l’empreinte de la tête de l’enfant...
Comme beaucoup d’enfants de son âge, le jeune Julien
a gardé les vaches dans le voisinage du bourg. On dit encore qu'il confiait la garde des bêtes à Dieu et allait prier à l’église. La tradition locale ,prompte à décrypter les vocations précoces, rapporte qu'il dirigeait ses camarades en procession à la "Croix du Lac" et qu'il les sermonnait déjà...Quoi
qu’il en soit, le jeune garçon s'est fait remarquer très tôt par le recteur qui
l'a initié au latin et envoyé au collège des Jésuites de Rennes récemment fondé
en cette ville à la demande de l’évêque. Remarqué là aussi pour sa piété par le
père Coton, ancien confesseur d’Henri IV, il entre au noviciat de la Compagnie
de Jésus et est envoyé au célèbre collège de la Flèche puis il enseigne les humanités à Quimper (1630 -1633) où il rencontre un prédicateur passionné Michel Le Nobletz, son maître spirituel ; dès lors, il se met à apprendre le breton avec beaucoup de facilité . Certaines fables disent qu'au cours d'un pèlerinage à la chapelle de Ty-Mam-Doué en Kerfeunten près de Quimper il avait reçu d'un ange le don de la langue... Après quatre années de formation théologique, il est ordonné prêtre à Bourges en 1637.
Le don miraculeux de la langue bretonne à Julien Maunoir oeuvre de Yann'Dargent, cathédrale de Quimper. (cl. Michael Kranewitter,W.Commons) |
Textes : Marcel Hodebert
Jean-Paul Gallais
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