mercredi 27 février 2013

Ferdinand de LA RIBOISIERE, homme politique, pionnier du progrès agricole



   LE COMTE FERDINAND DE LA RIBOISIERE                   
(1856-  1931)
                                    
 
                   




 
 





 
 


  A la fin du XIXème siècle, le Comte Ferdinand de La Riboisière, petit-fils du célèbre général de Napoléon, fait figure dans le pays de Fougères d’un personnage politique respecté et d’un pionnier en matière d’agriculture.
Il fait construire des fermes-modèles, équipées d'hygiène et de confort selon ses préceptes de salubrité et de propreté ce qui, à l'époque, est tout à fait révolutionnaire.
     Ferdinand de La Riboisière est né le 1er janvier 1856. Son père, Honoré de La Riboisière est le fils du général Jean Baston de La Riboisière, commandant en chef de l’Artillerie de Napoléon.




 Le château de Monthorin à Louvigné-du-Désert(cl M.Hodebert)









    Ferdinand, issu du second mariage de son père, ne connut pratiquement pas sa mère puisque celle-ci mourut six jours après sa naissance.Il poursuivit ses études au lycée Fontanes à Rennes puis il devint officier dans l’armée d’où il démissionna en 1880 afin de retrouver son château de Monthorin et de s'occuper de son domaine.                                    
 
Il se trouve  alors à la tête d'une importante fortune et ses domaines s'étendent à Louvigné-du-Désert mais aussi à Javené où quantité de fermes lui appartiennent. Le comte de Lariboisière n'est-il pas le principal propriétaire foncier de la commune ?
La "Note sur l'exploitation du domaine de Monthorin" pour l'année 1892 précise que le domaine a une étendue de 1600 ha dont 951 sont exploités par des fermiers.



                UN HOMME POLITIQUE

 

  
                     

          L’étude de M. Michel Cointat sur les députés de Fougères nous apprend que Ferdinand de La Riboisière se lance aussi dans la politique afin de succéder au député Augustin Riban. Il se présente sous l’étiquette républicaine – bien que son cœur soit bonapartiste, ce qui se comprend aisément – contre le Comte de La Villegontier, candidat des Conservateurs. « Je suis républicain, dit-il, je veux la République modérée et je suis respectueux des grands principes sociaux ». Le duel est sévère mais Ferdinand de La Riboisière est élu député le 30 avril 1882, à l’âge de 26 ans[1] sans contestation possible. Il démissionne en 1886, et est remplacé par René Le Hérissé.
     L'année suivante, en 1883, il est élu conseiller général du canton d'Antrain,poste qu'il occupe pendant 43 ans.En 1886,il est élu Maire de Louvigné-du-Désert. Ferdinand de Lariboisière  s'occupe beaucoup plus de sa circonscription que du Palais-Bourbon où il intervient peu. De 1909 à 1919, il est  sénateur d'Ille-et-Vilaine avant d'être à nouveau réelu député  après une éclipse de 34 ans.Réelu député en 1924, il quitte la politique en 1928. 



UN  PASSIONNÉ D’AGRICULTURE



A son époque, Ferdinand de La Riboisière fait figure, nous l’avons dit, de pionnier en matière d’agriculture. Il est, le premier à conseiller la récupération du purin pour engraisser les terres et à faire expérimenter de nouveaux engrais.Bousculant, non sans mal, les habitudes ancestrales de ses fermiers, il fait appliquer sur ses terres les méthodes de culture les plus récentes et modernise les nombreuses  exploitations agricoles dont il est propriétaire. La gestion de chaque ferme est rigoureuse, une comptabilité très suivie détaille par le menu tous les revenus et la production (lait, beurre, animaux, etc...), le tout est consigné dans un bilan comparatif général mensuel et annuel de « l’Exploitation Agricole du Domaine de Monthorin » qui comprend les laiteries de Monthorin et de Javené auxquelles sont rattachées les fermes du comte.




Ferme de la Corbelière, Javené.


    Il fait construire des fermes-modèles où l'hygiène et la salubrité sont, selon lui, la clé de la réussite. Les étables sont spacieuses,pavées et aérées; l'évacuation du fumier est facilitée par la possibilité d'y faire entrer un tombereau et le purin s’écoule dans une fosse attenante sur laquelle est construit le cabinet d’aisance, ce qui est très  nouveau à l’époque. L'aspect extérieur est toujours  soigné: les baies , souvent cintrées, et les chaînages d'angle sont en pierre de taille de granite local ou en brique.


 
 
L’élevage des jeunes animaux qui, entre 1850 et 1878, a donné de grands bénéfices, n’est plus rentable en 1892. La Riboisière décide de réorganiser son domaine agricole en augmentant la production laitière, seule activité rémunératrice dans la région à l’époque.

Le comte de La Riboisière, devenu Président de la Société Départementale d’Agriculture d’Ille et Vilaine, observe que le sol de l’arrondissement de Fougères a une prédominance granitique, tantôt de sable, tantôt d’argile, que le climat humide et tempéré y favorise une herbe fine et légère, abondante et de bonne qualité tant dans les prairies naturelles qu’artificielles.

Il constate également que, depuis 1840, les cultivateurs ont restreint   avec raison, dit-il, les emblavures de céréales et ont augmenté l’étendue des herbages.Il introduit dans ses fermes des vaches de race jersiaise dont le lait est plus riche en matières grasses. Dans le but de développer une industrie beurrière, il fait installer deux laiteries, une à Monthorin et l’autre à la Grande-Marche, montées selon un système danois très moderne pour l’époque qui fonctionne à la vapeur. Chaque jour, les fermiers y apportent le lait de leurs « jersettes », comme ils disent.

   Ferdinand de Laiboisière est de toutes les manifestations agricoles, il assiste à tous les comices du pays. Devant, là aussi, montrer l’exemple, il invite ses fermiers à présenter leurs bêtes aux concours régionaux, voire nationaux, dans lesquels nous les voyons obtenir de très nombreux 1er prix. C'est  ainsi que le Domaine de Monthorin obtient le Prix Behague de la Société Nationale d’Agriculture de France en 1892 après avoir reçu deux médailles d’or à l’Exposition Universelle de Paris en 1889.



Laiterie et étable de Monthorin.


Intérieur de l'étable: aérations multiples, plafond  en voûtains de briques vernissées, soutenu par des piliers métalliques, pavage de terre cuite...



            LA  RENOMMEE DU BEURRE

  

      En 1880-1881, la valeur du beurre produit sur les fermes Lariboisière est de 1.622,20 F. Cette valeur passe à 9.346,35 F pour l’exercice 1888-1889 ; valeur calculée selon le prix de vente aux halles centrales de Paris, défalcation faite des droits de transport, d’octroi et de commission. La production beurrière est très rentable à cette époque. Le beurre du Pays de Fougères et, plus spécialement, celui produit par les deux laiteries du comte de La Riboisière, sont exportés vers la capitale.

      Finalement, les concepts de La Riboisière  ont stimulé les agriculteurs vers le progrès et contribué à un certain renouveau  de l’agriculture dans notre région.

 
          UNE GESTION RIGOUREUSE
 

 

Un bilan d’exploitation et un bilan financier sont établis chaque année pour chaque ferme du domaine.On y voit ainsi la progression et les résultats obtenus par les fermiers.  D’après ces résultats, seront calculées la part du propriétaire, celle du fermier et aussi celle des serviteurs et employés qui reçoivent, en plus de leurs gages, 6% de cette valeur. Participant au bénéfice de l’exploitation, les fermiers sont d’autant plus motivés pour obtenir un meilleur résultat.

 


L'ancienne ferme de la Grande Marche où le comte de Lariboisière 
 installa sa laiterie de Javené.



UNE ŒUVRE SOCIALE


 En avance sur son temps Ferdinand de La Riboisière croit sérieusement à son œuvre de modernisation. Il veut en faire également une œuvre sociale : ses fermiers participeront aux bénéfices.Il obtient de ses fermiers et de leurs serviteurs un concours intelligent et actif en les faisant associer leurs intérêts à ceux du propriétaire par la signature d’une convention.Le fermier n'a plus de prix de location à payer et tous les produits de la ferme lui sont laissés, sauf ceux de l'étable que l'on partage. Il doit diriger son exploitation de manière à produire le plus de lait possible...La somme annuelle qui est remise au fermier, comme prix du lait, est au moins égale au montant du fermage antérieur. Ainsi, un fermier qui avait une location de 1000 francs n'a plus rien à payer et est sûr de toucher au moins 1000 F. de son propriétaire... 



                    


Le comte de Lariboisière au milieu de ses employés à Monthorin
 en Louvigné-du-Désert.

 


         



              

       Des sommes sont versées à la Caisse Nationale des Retraites pour la vieillesse et le capital reste aliéné en rentes viagères incessibles et insaisissables avec jouissance des titulaires à l’âge de 55 ans, ce qui est une avancée sociale appréciable pour l’époque qui ne devait pas laisser indifférent.

 


  



         La comtesse de La Riboisière au milieu des soldats blessés  accueillis à Monthorin  pendant la Guerre 1914-1918.

      Son épouse,la comtesse de Lariboisière, née Marguerite Rhoné (1864-1933)ouvrit un hôpital militaire à Monthorin pendant la Guerre 1914-1918. Elle fut décorée de la Médaille d'Honneur  pour Belles actions et de la médaille de la Reconnaissance Française.

      Ferdinand de La Riboisière meurt à Paris le 3 mai 1931 – Son corps est ramené à Monthorin afin d’y être inhumé dans le caveau familial. Les anciens Louvignéens et Javenéens se souviennent encore très bien de lui et aussi de son fils, Jean, figure locale particulière en raison de son obésité.Il était le dernier héritier d’une famille unanimement respectée,ses libations entraînèrent sa déchéance. A sa mort, tout le patrimoine des La Riboisière fut vendu et dispersé.



 
Chapelle funéraire de la famille  de la Riboisière à Monthorin.


     Sur la commune de Louvigné-du-Désert, près d'une trentaine de fermes  ont porté la marque du comte de Lariboisière.
     A Javené, 15 fermes lui ont appartenu.Toutes ces fermes existent encore à l’exception de celle du Petit-Bois-Benier qui fut ravagée par un incendie et qui ne fut pas reconstruite.Quatorze "fermes Lariboisière" émaillent donc encore le paysage de Javené. Vous les reconnaîtrez à leur longue étable aux ouvertures apparemment toutes semblables...

                                          Marcel Hodebert.

 
       Clichés de  l'auteur et de la collection des Archives de Fougères.
      Droits réservés.


1] « La première campagne électorale de Ferdinand de La Riboisière » - de Marcel Hodebert, in Bulletin et Mémoires de la Société Historique et Archéologique de Fougères -


  Pour visiter en image  le domaine de Monthorin sur le site de l'Inventaire du Patrimoine régional, cliquez sur ce lien:



http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35048673

                      Fermes Lariboisière de Louvigné-Communauté


Vignette








 






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