L'ESSOR
Dans la forêt de plus de 300 hectares concédée par le comte de Fougères Raoul Ier en 1112, la communauté réunie autour de Vital s' établit de façon assez sommaire près du ruisseau du Moulin du Pré "sur les ruines de l'ancien château des seigneurs de Fougères" écrit Dom Auvry ; peu à peu, les dépendances s'élèvent et la première église en bois, commencée par saint Vital, achevée par son successeur saint Geoffroy, est dédicacée en 1124 et dédiée à la Sainte Trinité. A cette fête assistent les évêques d'Avranches et des diocèses voisins, les seigneurs des environs venus reconnaître la nouvelle abbaye et offrir leurs libéralités ; le fils de Raoul Ier, Henri, baron Fougères, qui d'ailleurs se fera moine à Savigny, se distingue par sa générosité, suivant en cela l'exemple de son père.
Geoffroy, abbé de 1122 à 1139, organise la vie claustrale et institue le premier chapitre. La communauté compte alors plus de cent moines et elle essaime surtout en Normandie et en Angleterre. Au milieu du XIIè siècle, l'abbaye de Savigny rayonne sur trente-deux abbayes-filles au nombre desquelles figurent : l'abbaye Blanche de Mortain ( 1112), celles de Vaux-de Cernay (1118), d'Aunay-sur-Odon et de Villers-Canivet (1127) près de Caen, de Barbery près de Thury-Harcourt, de Beaubec, de Foucarmont, de Breuil-Benoist, de Lannoy en Haute-Normandie, de Soligny-la-Trappe (1122) et de Saint-André-de-Gouffern dans le Perche : elles atteignent le Nord avec Longvilliers, l'Anjou et la Bretagne où sont implantées les communautés de Chaloché (1129), de La Boissière (1131) près d'Angers, de La Vieuville (1137) près de Dol-de-Bretagne.
LA FUSION AVEC CITEAUX
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A ce stade de son évolution, l'abbaye de Savigny compte treize monastères en Angleterre et un à Dublin : leur nombre croît régulièrement . Cette extension considérable commence à poser problème : certaines abbayes anglaises souhaitent s'affranchir de la tutelle de l'abbaye-mère de Savigny, principalement celle de Furness qui a déjà essaimé sur plusieurs sites. Pour éviter toute sécession, après avoir pris conseil près de saint Bernard, Serlon, quatrième abbé de la Congrégation, choisit de réunir la famille de Savigny à celle de Cîteaux dont elle se sent très proche ; la fusion se fait en 1147 avec l'accord du Pape Eugène III. Savigny devient la cinquième filiale de l'ordre cistercien.
Extensions de l'abbaye de Savigny au milieu du XIIè siècle. Savigny-le- Vieux, Terroirs 2000. |
LA FUSION AVEC CITEAUX
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manuscrit de Dom Auvry, médiathèque de Fougères ( ms VII) |
LA CONSTRUCTION DE L'ABBATIALE
Dans la seconde moitié du XIIè siècle, on édifie en pierre la crypte Sainte-Catherine : elle aurait abrité temporairement les tombeaux de saint Vital et des premiers abbés, d'Adeline, première abbesse de l' Abbaye Blanche de Mortain et les gisants des premiers fondateurs. A partir de cette époque, les moines entreprennent de construire en pierre l'ensemble monastique. En 1173, l'abbé Josselin décide d'élever une nouvelle abbatiale inspirée de celle de Clairvaux, vaste chantier coûteux qui s'étale sur vingt-sept ans malgré le grand nombre des chartes de donation et les encouragements du Pape en 1184. Elle mesurait 82 m. en longueur et présentait 50 mètres en largeur dans le transept, et 26 mètres 60 dans la nef , ce qui faisait d'elle l' un des sanctuaires les plus imposants de l'Ouest . Les neuf chapelles de l'abside s'ouvraient sur le choeur. L'abbatiale a été amplement décrite par l'historien Hippolyte Sauvage dans son ouvrage "Saint Vital et l'abbaye de Savigny" pages 63 à 67, accessibles sur ce lien de la BNF :
http://gallica.bnf.fr
L'abbatiale aurait été achevée en l'an 1200 et consacrée en 1220 ; la vénération des saints fondateurs s'amplifiant, on transfère en 1243 les reliques de saint Vital et des saints de Savigny de la crypte Sainte-Catherine dans la nouvelle abbatiale. Cette fête de la Translation attire une foule considérable - les Chroniques l'estiment à 100000 personnes, chiffre impressionnant et magique comme dans les contes... Les tombeaux des saints Vital, Pierre d'Avranches, Hamon, Guillaume Niobé, Geoffroy sont disposés autour du choeur. Les bienfaiteurs continuent de combler l'abbaye de terres, de fermes et métairies, dîmes, vignes, moulins... Le catalogue des Chartes mancelles de l'abbaye de Savigny des Archives Nationales (M.C. Guilbaud) consultable sur le lien indiqué en fin d'article est éloquent sur la nature et le nombre des dons.
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Vers la fin du XIII ème siècle, l'abbaye connaît une belle prospérité ; elle compte environ 300 moines et les bâtiments conventuels sont à la mesure de son rayonnement. Le cloître présente des arcades sobrement ornées soutenues par 124 colonnettes assemblées par couple et la cour est agrémentée d'un bassin au centre duquel s'élève une colonne - un obélisque, dit-on à Savigny,_-surmontée d'une croix. Plusieurs tombeaux ou gisants de seigneurs bienfaiteurs et d'abbés sont déposés à l'ombre du cloître, comme dans l'abbatiale. Ce cloître communique avec le réfectoire par la porte romane Saint-Louis ainsi nommée en souvenir du passage du roi Louis IX à son retour de pélerinage au Mont-Saint-Michel en 1256 ; elle seule est demeurée sur place et devenue le symbole de la grandeur passée ; le réfectoire qui date du début du XIIIè est alors composé de deux salles superposées, voûtées sur piliers dont certains ont peut-être été réutilisés dans l'église de Fougerolles -du- Plessis.
Chartes Mancelles:
- site: ww.persee.fr/web/revues/home/prescript
- Pichot Daniel, Les cartulaires manceaux de l'abbaye de Savigny...
Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, tome 53, 1976.
Documents bibliographiques complémentaires :
- Outre les ouvrages déjà cités et les articles parus dans le Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Pays de Fougères ou la revue de l'Avranchin :
- conférences sur l'abbaye de Savigny à l'occasion du 900ème anniversaire le 28 janvier 2012 à Fougères.
- étude de Murielle Radigue sur l'abbaye de Savigny parue dans Le Pays de Fougères nos 142, 145, 146.
Texte et photos :Jean-Paul Gallais.
Dans la seconde moitié du XIIè siècle, on édifie en pierre la crypte Sainte-Catherine : elle aurait abrité temporairement les tombeaux de saint Vital et des premiers abbés, d'Adeline, première abbesse de l' Abbaye Blanche de Mortain et les gisants des premiers fondateurs. A partir de cette époque, les moines entreprennent de construire en pierre l'ensemble monastique. En 1173, l'abbé Josselin décide d'élever une nouvelle abbatiale inspirée de celle de Clairvaux, vaste chantier coûteux qui s'étale sur vingt-sept ans malgré le grand nombre des chartes de donation et les encouragements du Pape en 1184. Elle mesurait 82 m. en longueur et présentait 50 mètres en largeur dans le transept, et 26 mètres 60 dans la nef , ce qui faisait d'elle l' un des sanctuaires les plus imposants de l'Ouest . Les neuf chapelles de l'abside s'ouvraient sur le choeur. L'abbatiale a été amplement décrite par l'historien Hippolyte Sauvage dans son ouvrage "Saint Vital et l'abbaye de Savigny" pages 63 à 67, accessibles sur ce lien de la BNF :
http://gallica.bnf.fr
L'abbatiale aurait été achevée en l'an 1200 et consacrée en 1220 ; la vénération des saints fondateurs s'amplifiant, on transfère en 1243 les reliques de saint Vital et des saints de Savigny de la crypte Sainte-Catherine dans la nouvelle abbatiale. Cette fête de la Translation attire une foule considérable - les Chroniques l'estiment à 100000 personnes, chiffre impressionnant et magique comme dans les contes... Les tombeaux des saints Vital, Pierre d'Avranches, Hamon, Guillaume Niobé, Geoffroy sont disposés autour du choeur. Les bienfaiteurs continuent de combler l'abbaye de terres, de fermes et métairies, dîmes, vignes, moulins... Le catalogue des Chartes mancelles de l'abbaye de Savigny des Archives Nationales (M.C. Guilbaud) consultable sur le lien indiqué en fin d'article est éloquent sur la nature et le nombre des dons.
Maquette réalisée par L. Saint-Pois, exposée sur le site. |
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Détail: le cloître. |
Vers la fin du XIII ème siècle, l'abbaye connaît une belle prospérité ; elle compte environ 300 moines et les bâtiments conventuels sont à la mesure de son rayonnement. Le cloître présente des arcades sobrement ornées soutenues par 124 colonnettes assemblées par couple et la cour est agrémentée d'un bassin au centre duquel s'élève une colonne - un obélisque, dit-on à Savigny,_-surmontée d'une croix. Plusieurs tombeaux ou gisants de seigneurs bienfaiteurs et d'abbés sont déposés à l'ombre du cloître, comme dans l'abbatiale. Ce cloître communique avec le réfectoire par la porte romane Saint-Louis ainsi nommée en souvenir du passage du roi Louis IX à son retour de pélerinage au Mont-Saint-Michel en 1256 ; elle seule est demeurée sur place et devenue le symbole de la grandeur passée ; le réfectoire qui date du début du XIIIè est alors composé de deux salles superposées, voûtées sur piliers dont certains ont peut-être été réutilisés dans l'église de Fougerolles -du- Plessis.
Décoration composée de motifs géométriques et végétaux et de six apôtres portant leurs symboles ou les instruments de leur supplice ; au centre , sainte Barbe, près de sa tour,XVè siècle. |
Au fil des années, on agrandit , on reconstruit et on embellit au moins jusqu'au XVè siècle. Depuis la fondation, le domaine foncier de l'abbaye n'a cessé de s'accroître à la faveur des dons et l'esprit de pauvreté cistercienne - Cîteaux avait été fondée en réaction contre Cluny par volonté de retrouver l'austérité monacale - semble s'être éloigné. Peu à peu, la communauté perd des effectifs. Les soubresauts de l'Histoire vont hâter son déclin.
Dépendances de l'abbaye, sur le coteau sud : chapelle du Désert près de la léproserie, XVè. Propriété Prévoyante Savinienne. |
Chartes Mancelles:
- site: ww.persee.fr/web/revues/home/prescript
- Pichot Daniel, Les cartulaires manceaux de l'abbaye de Savigny...
Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, tome 53, 1976.
Documents bibliographiques complémentaires :
- Outre les ouvrages déjà cités et les articles parus dans le Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Pays de Fougères ou la revue de l'Avranchin :
- conférences sur l'abbaye de Savigny à l'occasion du 900ème anniversaire le 28 janvier 2012 à Fougères.
- étude de Murielle Radigue sur l'abbaye de Savigny parue dans Le Pays de Fougères nos 142, 145, 146.
Texte et photos :Jean-Paul Gallais.
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