LE CHATEAU DE LA FOLTIERE
Parc Botanique de Haute Bretagne
LE CHATELLIER
Le château de la Folletière ou Foltière apparaît au milieu d'un bocage vallonné et frais où affleure le granit, posé sur les pentes douces du ruisseau de Fretay qui descend en serpentant du château voisin. Il est entré dans l'histoire du Pays de Fougères d'abord comme un simple manoir champêtre, devenu l'un des hauts lieux de la Chouannerie et de la riposte royaliste, puis comme la résidence tranquille d'une illustre famille fougeraise ; enfin la métamorphose récente de son parc en un superbe espace dédié à la Couleur et à la Poésie des fleurs en a fait un site de référence.
DERNIER BAROUD DU COMTE DE PUISAYE
UNE DOUBLE METAMORPHOSE
LES ORIGINES
DERNIER BAROUD DU COMTE DE PUISAYE
En 1796, La Folletière reçoit pendant quelques mois le comte de Puisaye, qui avait dirigé les armées fédéralistes vaincues à Pacy-sur-Eure. Revenu de Londres où il s'était réfugié après l'échec du débarquement de Quiberon, il s'installe à la Folletière, y fait chevaliers de Saint-Louis cinq des officiers de du Boisguy devant quatre mille hommes "formés en bataillon carré" et du Bois-Guy en personne ,rapporte-t-il dans ses Mémoires, et c'est là qu'il tente de fédérer les bataillons chouans, aventure sans grand lendemain.
UNE DOUBLE METAMORPHOSE
LES ORIGINES
Le manoir de la Folletière, dont le nom évoque les grandes frondaisons de hêtres, s'est inscrit dans le paysage au XVIe siècle. De 1513 à 1618, il appartient aux du Châtellier et à leurs descendants. De 1618 jusqu'au début du XIXè,le domaine de la Folletière fait partie des possessions de la famille d'Andigné, également propriétaire des manoirs et fermes de Fretay, du Bas-Châtellier , de Ville-Courte,alors contigus , ainsi que de nombreux moulins et bois sur Le Châtellier ,Saint-Germain-en-Coglès et plusieurs communes du pays de Rennes.
Jusqu'en 1818, la Folletière était la demeure de Mr et Mme de Saint-Gilles, fille unique de Joseph-Marie d'Andigné. L' année 1818 est celle du partage des biens en cinq lots ,attribués par tirage au sort : la Folletière échoit à Virginie de Saint-Gilles, Fretay à l'un de ses frères...
Jusqu'en 1818, la Folletière était la demeure de Mr et Mme de Saint-Gilles, fille unique de Joseph-Marie d'Andigné. L' année 1818 est celle du partage des biens en cinq lots ,attribués par tirage au sort : la Folletière échoit à Virginie de Saint-Gilles, Fretay à l'un de ses frères...
Le 28 septembre 1820, le manoir de la Folletière, les fermes de la Folletière et de Guémenard sont vendus par Virginie de Saint -Gilles, petite-fille du chevalier Joseph-Marie d'Andigné à Jean-Marie-Alexandre Frontin des Buffards (1). Une nouvelle page d'histoire s'ouvre alors.
L'ASCENSION DE LA FAMILLE DES BUFFARDS
La famille Frontin est originaire de Rouen où elle a rempli pendant plusieurs générations la charge de Conseiller à la Cour des Comptes de Normandie. Elle a été anoblie en 1633 par Louis XIII. Au cours du XVIIè, l'un des Frontin exerce sa charge de financier à Avranches.
A la fin du XVIIè, Jean Frontin, seigneur du Bugle, se fixe à Fougères ; son fils Julien-Guillaume (1706-1789),enseigne de la compagnie de garde-côtes de Cormeray près de Pontorson, épouse en 1732 Louise Longuet, demeurant aux "Buffards", ferme autrefois située entre la rue du Tribunal et la rue des Prés; le nom "des Buffards"est définitivement greffé sur le patronyme Frontin.
De cette famille sont issues des bienfaitrices de Fougères, Gillette des Buffards appelée "la Mère des pauvres" et sa soeur, Madame de La Martinière qui ont assumé, avec mesdemoiselles Lemercier de Cures et de Bigaglia, la remise en ordre de l'Hôpital Saint-Louis établi en partie près de leur propriété des Buffards et agrandi à leurs frais.
Armorial d'Hozier. |
De cette famille sont issues des bienfaitrices de Fougères, Gillette des Buffards appelée "la Mère des pauvres" et sa soeur, Madame de La Martinière qui ont assumé, avec mesdemoiselles Lemercier de Cures et de Bigaglia, la remise en ordre de l'Hôpital Saint-Louis établi en partie près de leur propriété des Buffards et agrandi à leurs frais.
A partir de 1787, par le jeu des alliances et des filiations, les familles Frontin des Buffards, de Ruan, de Bigaglia de la Hellonnière, célèbres verriers venus de Venise au XVIIè, se rejoignent.
La famille des Buffards, propriétaire de plusieurs métairies sur les communes du pays de Fougères et en dehors du département étend progressivement son domaine foncier au cours du XIXe et s'entoure de plusieurs centaines d'hectares sur les communes du Châtellier et de Saint-Germain-en-Coglès. Par la force de l'ordre social à l'époque, elle est fortement impliquée dans la vie locale et deux d'entre eux ont été maires de la commune au XIXe. La propriété de la Folletière restera dans cette famille jusqu'en 1994, soit 168 ans.
La dernière à porter le nom est Yvonne des Buffards, mariée à James-Lionel Rogon de Carcaradec (1910); la famille se fixe alors près de Lannion où se trouvent ses racines . Peu à peu, au fil des générations, le château de la Folletière devient résidence de plaisance, moins fréquentée à partir des années soixante, plusieurs fois "visitée" et finalement mise en vente. Le nom "des Buffards" s'est presque effacé du paysage fougerais, même si le café des Buffards, rue des Prés, en a longtemps maintenu le souvenir.
La famille des Buffards, propriétaire de plusieurs métairies sur les communes du pays de Fougères et en dehors du département étend progressivement son domaine foncier au cours du XIXe et s'entoure de plusieurs centaines d'hectares sur les communes du Châtellier et de Saint-Germain-en-Coglès. Par la force de l'ordre social à l'époque, elle est fortement impliquée dans la vie locale et deux d'entre eux ont été maires de la commune au XIXe. La propriété de la Folletière restera dans cette famille jusqu'en 1994, soit 168 ans.
La dernière à porter le nom est Yvonne des Buffards, mariée à James-Lionel Rogon de Carcaradec (1910); la famille se fixe alors près de Lannion où se trouvent ses racines . Peu à peu, au fil des générations, le château de la Folletière devient résidence de plaisance, moins fréquentée à partir des années soixante, plusieurs fois "visitée" et finalement mise en vente. Le nom "des Buffards" s'est presque effacé du paysage fougerais, même si le café des Buffards, rue des Prés, en a longtemps maintenu le souvenir.
En 1994, le château et le parc de la Folletière sont acquis par Monsieur et Madame Jouno qui y créent le Parc floral de Haute-Bretagne.
La Folletière au début du XXè. (coll.privée) |
Le manoir
ancien se trouvait au bord de l’étang ; il ouvrait sur l’allée principale bordée
de hêtres, alors prolongée d’une digue aujourd’hui sous les eaux. Le logis principal, d'une longueur de 25 mètres, comprenait une grande salle basse et une cuisine au rez-de-chaussée ; un escalier conduisait à l'étage où se succédaient quatre chambres ; des jardins avec terrasse et tonnelles agrémentaient ce cadre frais. Les communs de taille modeste étaient répartis au sud et formaient un ensemble avec la métairie de la Folletière.
UN PREMIER REVE : UNE DEMEURE DE CHARME
Le château actuel a été édifié entre les années 1830 et 1854, à l'initiative de Jean-Marie Frontin des Buffards, ancien capitaine dans la garde impériale, vétéran de plusieurs campagnes napoléoniennes, honoré du titre de chevalier. Le destin met brutalement fin à la réalisation de son rêve : il est emporté en quelques jours en mars 1837.
Le château est alors en construction : son fils et unique héritier, Gustave-Marie, avait treize ans au décès de son père ; sa mère était décédée depuis longtemps. Son oncle et tuteur Alexandre Trotry de la Touche est chargé d'achever la charpente, de faire couvrir le château, d'assurer la protection de la construction .
Peu après sa majorité, Gustave-Marie complète les travaux de finition et organise l'aménagement intérieur. Le cadre est dégagé : l'ancienne métairie est en partie démolie en 1852. Le château sera presque prêt en 1854, l'année de son mariage, pour accueillir sa fiancée Amanda.
Le château est alors en construction : son fils et unique héritier, Gustave-Marie, avait treize ans au décès de son père ; sa mère était décédée depuis longtemps. Son oncle et tuteur Alexandre Trotry de la Touche est chargé d'achever la charpente, de faire couvrir le château, d'assurer la protection de la construction .
Peu après sa majorité, Gustave-Marie complète les travaux de finition et organise l'aménagement intérieur. Le cadre est dégagé : l'ancienne métairie est en partie démolie en 1852. Le château sera presque prêt en 1854, l'année de son mariage, pour accueillir sa fiancée Amanda.
L' architecture dépouillée, héritée du XVIIIème siècle, rappelle celle des grandes malouinières marquée par la symétrie et la lumière : le rez-de-chaussée et les deux étages ne comptent pas moins de 20 croisées chacun... Cette demeure d'un style nouveau élevée sur deux étages au lieu d'un seul prévu sur l'un des plans initiaux ( vers 1830?), plus haute et plus étoffée que les malouinières classiques, a été conçue par l'architecte fougerais Jourdin.
Les deux façades présentent un dessin différent : au sud, deux ailes identiques de deux travées de chaque côté d’un avant-corps au fronton triangulaire, tandis qu'au nord , deux frontons triangulaires encadrent la partie centrale. Les étages, les entablements des ouvertures et le bandeau de la corniche et des frontons sont soulignés par le granit. La physionomie de l'ensemble reste très sobre, sans prétention excessive, comparée aux réalisations de style néo-gothique en vogue à l'époque. A la fin du XIXè, Martenot, alors architecte de la ville de Rennes, apporte quelques modifications à la distribution des pièces et affine le décor des deux entrées.
Harmonie bleue |
Les deux façades présentent un dessin différent : au sud, deux ailes identiques de deux travées de chaque côté d’un avant-corps au fronton triangulaire, tandis qu'au nord , deux frontons triangulaires encadrent la partie centrale. Les étages, les entablements des ouvertures et le bandeau de la corniche et des frontons sont soulignés par le granit. La physionomie de l'ensemble reste très sobre, sans prétention excessive, comparée aux réalisations de style néo-gothique en vogue à l'époque. A la fin du XIXè, Martenot, alors architecte de la ville de Rennes, apporte quelques modifications à la distribution des pièces et affine le décor des deux entrées.
Plan de la façade nord par J-B Martenot, 1895. (collection privée) |
Le château était agrémenté d’un parc à l’anglaise en vogue à la fin du
XVIIIè, dessiné et en partie réalisé par Fontaine, maître-terrassier vers 1850. La variété et la profondeur des perspectives y ont une importance majeure. Dans le souci d'une meilleure visibilité, le comte fait araser plusieurs talus, "pour découvrir " selon son expression.
Les abords du château et les massifs du parc sont plantés de cèdres du Liban, de sapins et d'épicéas... Des palmiers complètent la touche exotique indispensable aux parcs en vogue à l'époque.
UN SECOND REVE REALISE :
LE PARC BOTANIQUE DE HAUTE BRETAGNE
Aujourd’hui encore, le visiteur peut flâner dans un parc inventif et poétique : le Parc Floral de Haute-Bretagne, ouvert en 1995, aujourd'hui Parc Botanique.
Le parcours propose vingt-quatre jardins qui s'harmonisent avec la configuration du paysage, et nous font découvrir les essences et traditions florales des cinq continents, en suivant "les Trois Ages de la vie", selon l'expression de leur créateur : les jardins de l'Arcadie, les jardins Romantiques et ceux du Crépuscule.
La source bleue.(coll.. Parc Floral) |
Le Jardin Perse où des jets d’eau s’ébattent parmi la végétation
luxuriante, est une re-création des jardins orientaux, les
« Paradis ». La Cité Antique met en scène une architecture
gréco-romaine et son mur de clôture renoue avec les jardins homériques et les
jardins clos du Moyen-Age. Des labyrinthes ludiques rappellent les parcours initiatiques. La Renaissance italienne est conviée dans le "jardin secret", réminiscence des figures savantes de Villa Lante près de Rome et des jardins médicéens.
Ce voyage dans le temps et l’espace peut continuer au pays du Soleil Levant, dans le jardin zen, sobrement dessiné ou le jardin de thé qui invite au silence. Partout peut se tisser une connivence avec la nature -artiste pour qui sait s'arrêter au creux du vallon des poètes, retraite végétale, ou au bord des disques stellaires du jardin des étoiles. Une immersion dans la couleur et les parfums au cœur d’un parc « florilège » au sens propre où s’allient décor naturel, création esthétique et culture humaniste.
Jean-Paul Gallais.
Broderie végétale du jardin secret. |
Ce voyage dans le temps et l’espace peut continuer au pays du Soleil Levant, dans le jardin zen, sobrement dessiné ou le jardin de thé qui invite au silence. Partout peut se tisser une connivence avec la nature -artiste pour qui sait s'arrêter au creux du vallon des poètes, retraite végétale, ou au bord des disques stellaires du jardin des étoiles. Une immersion dans la couleur et les parfums au cœur d’un parc « florilège » au sens propre où s’allient décor naturel, création esthétique et culture humaniste.
Jean-Paul Gallais.
Le reposoir de l'Harmonie du soir. |
Sources:- Archives privées.
-Armorial de France,d'Hozier,Didot,1869.
-(1)Acte réalisé par Me Richelot, notaire à Rennes le 28 septembre 1820.
La reproduction des textes et des illustrations n'est autorisée qu'avec l'accord écrit de la Société d'Histoire et des auteurs.
Liens
Promenade virtuelle au Parc Botanique de
Haute Bretagne :
Le site Patrimoine.region-Bretagne ( manoirs et châteaux du Coglais) propose une lecture de l'architecture et de nombreuses prises de vue. Vous pouvez cliquer sur ce lien dans la colonne de droite.
Inventaire général du patrimoine culturel
Auteur de la notice : Dalibard Sabrina
Année de rédaction : 2010
Bretagne
Ille-et-Vilaine
Châtellier (Le)
Folletière (la)
Château
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