lundi 13 février 2012

Personnages d'Histoire : Honoré de La Riboisière, l'homme de la continuité.


Honoré- Charles Baston de La Riboisière


 
 Antoine-Jean Gros, Portrait du comte Honoré de La Riboisière, 1815.


 AU SERVICE DE L'EMPEREUR

       Fils aîné du Général de La Riboisière et de Marie Le Beschu de la Rallaye, Honoré est né à Fougères le 21 septembre 1788.   Il se destine à une carrière militaire et entre, en 1807, à l’Ecole Polytechnique d'où il sort lieutenant d’artillerie. Nommé aide de camp de son père, il participe aux campagnes d’Espagne et d’Autriche, remplit des missions en Westphalie et en Pologne, essuie le feu à la bataille de Wagram et participe à la campagne de Russie, avec son frère cadet Ferdinand mortellement blessé au cours de la bataille de La Moskova. Il est capitaine lors du passage de la Bérézina où il combat vaillamment ; son cheval est tué sous lui, précipité dans le fleuve, il ne doit son salut qu’à la présence d’esprit d’un camarade qui l’aide à sortir de ce mauvais pas. A peine rétabli, il perd son père le 21 décembre 1812 à Königsberg, peu après le décès de son frère sur le  champ de bataille.
                                 
                                                                                                                       
 Au début de l'année suivante,il est nommé  à la direction de l'Artillerie et reçoit le titre de chambellan de l’Empereur. Le 11 janvier 1814, il épouse Elisa Roy, fille d’Antoine Roy, richissime avocat qui deviendra Ministre des finances de Louis XVIII, Ministre de Charles X et Pair de France. Il échappe à la disgrâce au retour des Bourbon. 
Pendant les Cent-Jours, Honoré reste fidèle à l’Empereur et devient son officier d’ordonnance. Waterloo met provisoirement un terme à sa carrière militaire mais il n'est pas inquiété par le nouveau pouvoir et affiche des opinions assez libérales : l'influence de la puissante famille Roy  lui offre une protection sûre.



    UNE LONGUE CARRIERE  MILITAIRE ET POLITIQUE 


Il partage sa vie entre le château de Monthorin à Louvigné-du-Désert qu’il embellit et agrandit, et Paris où il reçoit dans son hôtel particulier. Elu député de l'arrondissement de Fougères et de Vitré en 1828 après la démission de Rallier, il siège au centre-gauche avec l'opposition et est réélu en 1830 après la dissolution de la Chambre par Charles X.  


     Après les Trois Glorieuses et l'avènement de Louis-Philippe, Honoré de La Riboisière est nommé Chef de la Vème Légion de la Garde Nationale en 1831, fait Officier de la légion d’Honneur, promu lieutenant-colonel puis colonel et enfin commandant en chef de cette Vème Légion qui a pour rôle de défendre la capitale.
Son mandat de député est confirmé en 1831 et 1834. Le roi Louis-Philippe l’élève  la dignité de Pair de France en 1835. Lorsque la Révolution de 1848 éclate, Honoré  se trouve dans sa demeure de Monthorin à Louvigné-du-Désert. En 1849, il est élu représentant à l’Assemblée législative par le département d’Ille-et-Vilaine et adhère au parti du Prince-Président. 
 Son épouse, Elisa Roy, décède  en 1851 sans lui avoir donné d’enfant. En 1852, il est nommé sénateur. C’est en 1854 qu’il épouse Antoinette de Robert d’Acquéria de Rochegude qui, le 1er janvier 1856, lui donne l’héritier tant espéré : Ferdinand de La Riboisière ; lui-aussi  marquera profondément le Pays de Fougères par son action politique et ses initiatives agricoles et sociales.
Père à 68 ans d’un fils prénommé Ferdinand en souvenir de son frère tué à la Moskova, Honoré de La Riboisière voit le malheur s’abattre sur son foyer lorsque son épouse meurt le 7 janvier des suites de ses couches. Dans le même temps, il devient maire de Louvigné-du-Désert en 1863 et  s'emploie à  apaiser un climat houleux au sein du conseil et à redresser les finances; il dirige la commune  jusqu'en 1868.
  Honoré de La Riboisière meurt à Paris le 21 mars 1868 à l’âge de 80 ans. Lors de ses obsèques à Monthorin, une foule nombreuse  vient rendre   hommage à un notable discret et efficace, unanimement respecté.



UNE GENEROSITE  RECONNUE


                      
                            Hôpital Lariboisière,  édifié de 1848 à 1853, par l'architecte Gauthier: pavillons parallèles
                            et galeries  lumineuses,très modernes à l'époque. 


C'est grâce à la comtesse de La Riboisière-Roy que la ville de Paris a pu mener à son terme la construction de l'hôpital prestigieux qui porte son nom. A son décès en 1851, elle lègue par testament à la ville de Paris la nue propriété de ses biens immobiliers très vastes pour fonder l'hôpital  La Riboisière, son mari restant bénéficiaire de l'usufruit. Pour permettre  à la ville de Paris d'utiliser dans l'intérêt  public le legs de son épouse, Honoré de La Riboisière  renonce à une partie de sa succession et verse à la ville la somme à l'époque colossale de 2 057 402 francs-or; ce geste permet  à Paris de financer en bonne  part l'achèvement des travaux.  Implanté aux portes de Paris, dans un environnement peu favorisé, l'hôpital Lariboisière a parfois été appelé "le Versailles de la misère". Revers de la géographie, Zola l'a intégré dans le cadre romanesque de "L'Assommoir"...





                                       Chapelle néo-Renaissance ornée des allégories
                                             de la Foi, de l'Espérance et de la Charité.





                 A l'intérieur de la chapelle, monument  funéraire en l'honneur de
                 la comtesse  Elisa de La Riboisière (vue partielle),  orné d'une
                                représentation de la Charité ; oeuvre du sculpteur
                                     Charles Marochetti,1853 .                                                



 La ville de Fougères n'a pas été oubliée:  le couple de La Riboisière y a fait édifier sur la place qui porte son nom une salle d'asile pour l'accueil des enfants pauvres :  son fronton  abrite une Vierge à l'enfant  qui rappelle sa fonction  d'institution de charité. C'est aujourd'hui l'école Odile Gautry




Ecole Odile Gautry, Place Lariboisière, Fougères.


LE MECENAT ARTISTIQUE

Outre ses activités  caritatives et ses réceptions mondaines,  madame de La  Riboisière anime un salon littéraire et artistique réputé ; le comte est  un amateur d'art, grand collectionneur d'antiquités gréco-romaines et orientales. Dès 1830, il préside le "Cercle des Arts", société qui soutient les jeunes artistes. Il est proche des peintres Antoine-Jean Gros dit le baron Gros, Alfred Johannot, Horace Vernet ; beaucoup ont réalisé des portaits de sa  famille.





UNE CHRONIQUE DE LA VIE PARISIENNE



   Une partie de sa correspondance avec sa mère, conservée aux Archives municipales de Fougères, a fait l’objet d’une étude intéressante de M. Jérôme Lemesle, auteur d'un article sur Honoré de Lariboisière dans le tome XLVIII  de notre Bulletin et Mémoires, elle couvre la période de 1813 à 1844, année de la mort de la comtesse La Riboisière. S’étalant sur une période de 30 ans, la correspondance aborde l’Histoire de la fin de l’Empire à Louis-Philippe. Honoré de La Riboisière, témoin de son temps, en fils aimant, rapporte à sa mère restée en Bretagne, aussi bien les événements parisiens de l’époque, les tribulations de la Chambre des députés, sa carrière politique… que sa vie privée émaillée de réceptions, de bals, de rencontres. On y perçoit également ses soucis, la maladie de sa femme, son attachement à Monthorin et à sa région natale …




 Le château familial de  Monthorin,
Louvigné-du-Désert. ( cliché M. Hodebert)
 Textes: Marcel Hodebert
             Jean-Paul Gallais
 Clichés: collection privée. 

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